Donald Trump a signé un décret destiné à ouvrir l'extraction minière sous-marine en eaux internationales
Un passage en force. Donald Trump a signé, jeudi 24 avril, un décret destiné à ouvrir l'extraction à grande échelle de minerais dans les grands fonds océaniques, y compris en eaux internationales. Cette remise en cause de l'Autorité internationale des fonds marin (AIFM), théoriquement compétente en haute mer en force du président américain, hérisse des associations de protection de l'environnement, qui alertent sur les dégâts qu'aurait une telle exploitation sur les écosystèmes marins.
Le texte demande au secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, "d'accélérer l'examen" de candidatures "et la délivrance de permis d'exploration et d'extraction" de minéraux "au-delà des juridictions" américaines. Il saisit également le ministre de l'Intérieur, Doug Burgum, pour en faire de même pour les eaux territoriales. Contactée par l'AFP, l'AIFM n'a pas donné suite dans l'immédiat.
"Des conséquences négatives pour nous tous"
Le décret enjoint également le secrétaire au Commerce de préparer un rapport sur "la faisabilité d'un mécanisme de partage" du produit des fonds marins. "En se lançant dans l'extraction minière en eaux internationales, à contrepied du reste du monde, le gouvernement ouvre la voie à d'autres pays pour en faire de même", a réagi Jeff Watters, vice-président de l'ONG Ocean Conservancy, dans un communiqué. "Et cela aura des conséquences négatives pour nous tous et pour les océans dont nous dépendons", a-t-il prévenu.
De nombreuses organisations de défense de l'environnement s'opposent à la collecte de minéraux, qu'elles accusent de menacer gravement l'écosystème marin. "Trump est en train d'exposer l'un des écosystèmes les plus fragiles et méconnus à l'exploitation industrielle incontrôlée", a commenté Emily Jeffers auprès de l'AFP, avocate du Centre pour la diversité biologique (CBD), rappelant que plus de 30 pays sont favorables à un moratoire.
Aucune extraction minière commerciale n'a encore eu lieu dans les fonds marins
L'AIFM a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales, en vertu d'accords que les Etats-Unis n'ont, néanmoins, jamais ratifiés. Aucune extraction minière commerciale n'a encore eu lieu dans les fonds marins, aux Etats-Unis ou ailleurs. Certains Etats ont, en revanche, déjà octroyé des permis d'exploration dans leurs zones économiques exclusives, notamment le Japon et les îles Cook.
"Les Etats-Unis font face à un défi économique et de sécurité nationale sans précédent, à savoir la sécurisation de leurs approvisionnements en minéraux critiques sans en passer par des adversaires étrangers", fait valoir le décret. En 2023, quelque 31 élus au Congrès, tous républicains, avaient adressé une lettre au ministre de la Défense, Lloyd Austin, réclamant que le gouvernement Biden permettent l'extraction minière sous-marine. "Nous ne pouvons pas laisser la Chine s'arroger et exploiter les ressources des fonds marins", avaient-ils écrit. Le gouvernement n'y avait pas répondu publiquement.
Après la publication, en mars, d'un article du Financial Times, le ministère chinois des Affaires étrangères avait estimé qu'aucun pays ne devait passer outre l'AIFM et autoriser unilatéralement l'exploitation minière sous-marine.