Guerre en Ukraine : quelle est la position des pays européens sur l'envoi de troupes dans le pays ?

Bientôt des soldats européens sur le sol ukrainien ? La question s'est immiscée dans les discussions entre les alliés de Kiev, alors que les tractations concernant l'arrêt des combats entre l'Ukraine et la Russie se poursuivent à tous les niveaux.

Il y a un an presque jour pour jour, Emmanuel Macron avait fait les gros titres en déclarant que "rien ne doit être exclu" au sujet du conflit, y compris l'envoi de troupes au sol en Ukraine. Cette idée trouve désormais un écho chez d'autres chefs d'Etat et de gouvernement.

Lundi 17 février, au sortir d'une réunion de crise sur l'Ukraine à Paris, le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est dit "prêt à envisager un engagement des forces britanniques au sol" pour une mission de maintien de la paix. Mais d'autres voisins européens ne sont pas aussi convaincus. Tour d'horizon des opinions sur cette question brûlante.

Ceux qui sont prêts à le faire

Depuis les déclarations d'Emmanuel Macron en février 2024 sur l'envoi de troupes en Ukraine, la France n'a pas changé de position, même si le Quai d'Orsay se montre un peu plus mesuré. "Si nous voulons que la menace russe cesse (...) il faudra qu'on apporte des garanties pour que l'agression ne se reproduise pas. Quelle sera la forme de ces garanties ? Il est trop tôt pour en parler", a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur franceinfo. 

Du côté du Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer, au pouvoir depuis un peu plus de six mois, est sorti de sa réserve. "Nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l'Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire", a écrit le chef du gouvernement britannique dans une tribune. Cet envoi de troupe au sol ne pourra se faire qu'à deux conditions : "aux côtés d'autres" et "si un accord de paix durable est conclu", a précisé l'élu travailliste.

Le chef du gouvernement britannique a également réclamé "une garantie de sécurité des Etats-Unis", décrite comme "le seul moyen de dissuader efficacement la Russie d'attaquer à nouveau l'Ukraine". Ni Londres ni Paris n'ont donné de détail sur le nombre de soldats qui pourraient être envoyés en Ukraine.

Ceux qui ne l'excluent pas

En Belgique, le ministre de la Défense Theo Francken a récemment ouvert la porte à un envoi de soldats en Ukraine. "Avec suffisamment de garanties, c'est possible", a-t-il annoncé au journal flamand Het Laatste Nieuws. Aux Pays-Bas, le Premier ministre Dick Schoof a prévenu que son pays "ne se joindra à aucune initiative s'il n'y a pas de mandat clair", ajoutant que les Européens ne pourront agir seuls. "L'Europe devra contribuer à protéger tout accord, et la coopération avec les Américains est essentielle", a-t-il déclaré lundi sur X.

La Suède "n'exclut pas" non plus l'envoi de soldats de maintien de la paix en Ukraine, a fait savoir sa cheffe de la diplomatie. "Nous devons d'abord négocier maintenant une paix juste et durable qui respecte le droit international. (...) Quand nous aurons cette paix installée, il faudra la maintenir et pour cela, notre gouvernement n'exclut rien", a déclaré la libérale-conservatrice Maria Malmer Stenergard à Sveriges Radio.

Ceux qui ne l'envisagent pas pour l'instant

Si l'Allemagne ne s'oppose pas définitivement à l'envoi de troupes en Ukraine, le débat sur le maintien de la paix et de la participation européenne est "inapproprié" et "totalement prématuré", a dénoncé le chancelier Olaf Sholz, à quelques jours d'élections législatives qui tournent beaucoup autour de l'Ukraine. L'élu social-démocrate a aussi critiqué "le fait que les résultats possibles de négociations de paix qui n'ont même pas encore eu lieu soient discutés sans que les Ukrainiens n'aient à intervenir", relate le site officiel du gouvernement.

Plus en retrait, l'Espagne estime aussi qu'il est "trop tôt pour le moment pour parler de déploiement de troupes en Ukraine", appelant d'abord à des efforts diplomatiques pour obtenir la fin des combats. "Quand nous aurons la paix, alors il faudra voir quelles conditions elle exige. Quand on parle de déploiement de forces armées, il faut voir quelle est leur mission, qui peut la constituer, sous quel drapeau, avec quel mandat", a souligné José Manuel Albares, le ministre des Affaires étrangères espagnol.

Ceux qui ne prévoient pas de le faire

De son côté, la Pologne, qui soutient pourtant fermement l'Ukraine, a aussi fait savoir qu'elle ne déploierait pas de soldats chez son voisin. A quelques mois de l'élection présidentielle, dans lesquelles les Européens craignent une ingérence russe, Varsovie semble vouloir jouer la carte de la prudence. "La Pologne est déterminée à poursuivre la coopération en matière de sécurité conjointement avec l'UE, ses alliés et les États-Unis", a déclaré le Premier ministre polonais, Donald Tusk, cité par la chaîne TVP. "Nous avons une certaine réputation et nous devons jouer un rôle positif."

La Hongrie rejette aussi l'envoi de troupes, tout comme elle s'est opposée à l'envoi d'armes ou de matériel militaire à l'Ukraine. Proche de Vladimir Poutine, le Premier ministre hongrois Viktor Orban refuse tout déploiement de troupes dans le pays, qu'il s'agisse de contingents de l'Otan ou de troupes européennes. Le leader d'extrême droite a critiqué l'organisation même de la rencontre d'urgence à Paris, fustigeant "des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump" qui "se réunissent pour empêcher un accord de paix".

L'Italie ne semble pas séduite par l'idée non. Selon la Première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni, l'envoi de troupes est la solution "la plus complexe et la moins efficace" pour assurer la paix en Ukraine, surtout si les Etats-Unis ne sont pas impliqués.