Le Boléro , c’est comme Paris-Orléans aux heures de pointe: il y en a tous les quarts d’heures. Ce thème envoûtant, répété dix-sept fois jusqu’à l’obsession, en un immense crescendo qui culmine en catastrophe, resterait, foi de statisticien, l’œuvre classique la plus jouée au monde. En seize minutes que dure la pièce, il est vrai qu’on n’a guère le temps de s’ennuyer. Tout le contraire du film par trop hésitant qu’Anne Fontaine consacre à la gestation du chef-d’œuvre de Maurice Ravel. Les premières images du générique, laborieux montage vidéo de reprises tous genres confondus - parfois ad nauseam - du thème du Boléro, donnent la couleur: celui d’un film qui ne va nulle part. À trop vouloir coller à son sujet, la réalisatrice, dont l’amour de la musique ne fait pourtant aucun doute, aurait-elle fini par en épouser la forme? Celle d’une partition qui, à défaut d’être exempte de musique, refuse tout développement?
Car de la musique, il y en a bel et bien, dans cette ode au compositeur qui respire…