Michele Kang, la femme d'affaires qui a sauvé l'OL de la relégation : "Je n'ai jamais été très douée pour accepter de faire ce qu’on me dit de faire"

Son nom ne vous dit peut être rien mais elle est devenue la première présidente d’une équipe de football professionnelle masculine en France. Le 30 juin 2025, l'Américaine Michele Kang a pris la tête de l’Olympique Lyonnais, et la femme d'affaires a sauvé le club, en graves difficultés financières, de la relégation administrative. De son propre aveu, Michele Kang n'y connaissait pourtant rien au football il y a encore quelques années. En 2022, elle admettait ne pas savoir qui était Leo Messi, couronné à ce moment-là champion du monde et Ballon d’or. 

C’est donc moins son amour des crampons que son sens accru des affaires qui conduit la cheffe d'entreprise américaine vers le ballon rond et la pousse à investir, d’abord dans des équipes féminines. "Je ne peux pas dire que mon implication dans le sport féminin vienne de mon analyse du jeu, reconnait Michele Kang. Mais j’ai immédiatement vu le potentiel en tant que produit de divertissement. J’ai vu qu’avec un investissement, le futur allait être significatif. C’est comme ça que je me suis lancée."

Manque d'expérience sportive mais sens du business

La femmes d'affaires s'y connaît, elle qui a quitté sa Corée du Sud natale pour étudier l'économie et le commerce à Chicago puis à Yale. Elle a construit sa fortune, estimée par Forbes à 1,2 milliard de dollars, en fondant et dirigeant Cognosante, une entreprise qui fournit du conseil et des solutions au gouvernement sur les questions de santé, qu'elle a revendue l’année dernière.

Son manque d'expérience dans le sport est compensé par son sens du business, explique Sonia Bompastor, l'entraîneure des joueuses de l'OL. "C'est une propriétaire américaine qui n'est pas basée à 100% à Lyon donc physiquement elle n'est pas toujours présente, explique-t-elle. Mais par contre on sent son soutien au quotidien. C'est une femme qui nous donne les moyens, qui nous laisse travailler."

"Elle s’entoure d'experts sur le plan sportif pour mener à bien ses projets, avoir la même vision qu'elle, mais aussi répondre à ses objectifs."

Sonia Bompastor, entraîneure de l'OL féminin

à franceinfo

Ce sont d'ailleurs ses compétences en gestion et en comptabilité solide qui ont été mises en avant pour sauver l'Olympique Lyonnais, masculin cette fois, de la relégation. L'ancien président, Jean-Michel Aulas, compte sur elle pour assainir les finances et faire du club un modèle durable. "C'était la seule qui était capable d'apporter du crédit opérationnel puisqu'elle gère avec satisfaction un certain nombre de clubs féminins, estime l'entraîneur. En tous cas moi je fais une confiance absolue à Michele, que j'ai appris à connaître un peu plus."

Elle a déjà fait ses preuves en devenant propriétaire des Washington Spirit puis des London City Lionesses et de l'équipe féminine de l'OL, qu'elle rebaptise OL Lyonnes il y a quelques mois. "Nous avons surtout voulu insister sur le fait que les lionnes ne sont pas la même chose que les lions, commente la femme d'affaires. 22 heures sur 24, le lion mâle dort. Si vous pensez aux lionnes, qui rugit vraiment, qui hurle sa compétitivité, qui cherche à protéger l’équipe et la survie ? C’est de là que provient le mot lionne !"

Un soutien régulier aux athlètes féminines

Son intérêt n'est pas seulement motivé par l'appât du gain. Elle s'investit par conviction féministe. "Je n'ai jamais été très douée pour accepter de faire ce qu'on me dit de faire, particulièrement quand il s'agit de dire à une femme ce qu'elle doit faire ou ne pas faire", déclare-t-elle. Depuis un an, Michele Kang a multiplié les gestes philanthropiques en direction des athlètes : 50 millions de dollars d'investissement dans la recherche médicale et de la santé des sportives de haut niveau en août dernier, puis 30 millions de dollars pour financer des programmes de football consacrés aux femmes. 

La milliardaire ne s'arrête pas au ballon rond, elle s'intéresse maintenant à l'ovalie féminine. Elle a déjà donné quatre millions de dollars pour le rugby à sept juste après la victoire des Américaines aux JO de Paris 2024. "C'était le match le plus cher auquel j'ai assisté, plaisante la femme d'affaires. Quand je suis entrée dans le stade, j'étais vraiment frappée de voir que toutes les places avaient été vendues, quelque chose comme 70 000 places."

"Je me suis aperçue que le rugby féminin aux États-Unis aujourd'hui est à peu près au même niveau que le football féminin il y a quatre ou cinq ans. Le stade, les fans, l'enthousiasme... On est vraiment dans une situation similaire, avec juste trois ou quatre ans de retard."

Michele Kang, présidente de l'Olympique lyonnais

À 66 ans, la businesswoman dit avoir suivi son plan de carrière depuis le début. Elle occupe aujourd'hui la onzième place dans le classement des femmes les plus riches du monde du sport et compte bien continuer sur sa lancée.