"Non-assistance à personnes mal logées" : "On assiste à une forme de renoncement", s'alarme le collectif à l'origine de recours contre l'État
"On assiste à une lente dégradation comme s'il y avait une forme de renoncement" s'alarme jeudi 13 février sur franceinfo Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-fondation Abbé Pierre ) et porte-parole du collectif des associations pour le logement, alors qu'une quarantaine d'associations ont déposé, devant le tribunal administratif de Paris, deux recours contre l'État pour "carence fautive" dans la lutte contre le mal-logement.
La loi DALO de 2007 doit logiquement garantir le droit à un logement à toute personne qui, résidant en France, n'est pas en mesure d'accéder à un logement décent ou de s'y maintenir. "Il faut appliquer la loi. Il faut que, derrière, les moyens soient mis dans la production de logements sociaux", demande Christophe Robert. En 2016, la France finançait 125 000 logements sociaux par an, contre seulement 86 000 en 2024, selon lui. "Nous ne sommes pas en capacité de produire. En quelques années, on attribue 100 000 logements sociaux en moins par an, parce qu'on a moins construit de logements", explique-t-il.
Le nombre de ménages demandeurs a été "multiplié par deux en 20 ans"
Moins de logements, mais de plus en plus de demandeurs. "On a atteint à peu près 2,8 millions de ménages en 2024. C'est multiplié par deux en 20 ans, par trois ou quatre en 40 ans", précise Christophe Robert. La situation est alarmante surtout que le mal-logement a un impact direct sur la santé, la scolarisation et la vie quotidienne. "C'est très dur pour la vie familiale", affirme-t-il.
L'autre recours concerne le logement d'urgence : "En moyenne 6 000 personnes par jour appellent le 115, dont 2 000 enfants à qui on ne propose pas même un hébergement pour le soir venu", s'alarme Christophe Robert.
"II y a quinze ans, une femme avec un enfant à la rue ne restait pas la rue."
Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisésà franceinfo
"On trouvait des solutions, affirme Christophe Robert. Le risque, c'est qu'on s'habitue". En déposant ces deux recours, "l'idée, c'est que le tribunal fasse injonction à l'État de se préoccuper du sujet. Autrement, on assiste à une lente dégradation, comme si, finalement, il y avait une forme de renoncement", conclut-il.