"Le Combat des chefs" sur Netflix : Alain Chabat consacre à Astérix une réjouissante mini-série d'animation
Huit ans après le joyeux conte de Noël Santa & Cie, Alain Chabat renoue avec la réalisation et l'écriture scénaristique, cette fois au service d'une mini-série d'animation disponible à partir du 30 avril sur Netflix (qui vient de hausser ses tarifs). L'occasion aussi de replonger dans l'univers d'Astérix qui lui est si familier et qui lui a valu son plus grand triomphe au cinéma en 2002, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (14,5 millions d'entrées en France), adaptation du sixième volet de la bande dessinée créée par René Goscinny et Albert Uderzo. Pour son nouveau projet, Chabat s'est intéressé au septième épisode des aventures de l'illustre Gaulois, Le Combat des chefs.
Plutôt qu'un film et des comédiens sur grand écran, l'ancien cofondateur des Nuls a concocté cette fois une audacieuse série d'animation de cinq épisodes d'une demi-heure, qu'il a coréalisée avec Fabrice Joubert. Quant aux acteurs, ils sont bien présents au travers de leur voix dans une distribution royale, et on se régale. Alain Chabat double lui-même Astérix, aux côtés de Gilles Lellouche (Obélix), Laurent Lafitte (Jules César), Thierry Lhermitte (Panoramix), mais aussi Jérôme Commandeur, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Géraldine Nakache, Jeanne Balibar, Alexandre Astier, Fred Testot...
La série nous ramène en l'an 50 avant Jésus-Christ, au cœur du plus irréductible village gaulois du temps de l'occupation romaine. Protégés par la potion magique du druide Panoramix, les habitants repoussent avec fracas chaque incursion de l'envahisseur au grand dam de César qui, face aux persiflages de sa mère acariâtre (mise en voix par Jérôme Commandeur, parfait), voudrait mater cet ultime îlot de résistance.
Métadata (doublée par Anaïs Demoustier), nièce très futée d'un officier de l'empereur, suggère de priver les rebelles de leur potion, le temps d'organiser un combat de chefs entre l'édile du village et celui, très baraqué, "collabo" zélé de César, d'une localité voisine. Selon cette coutume gauloise, le vainqueur prend le contrôle du village du vaincu. Les séides de l'Empereur décident de kidnapper Panoramix. Astérix et Obélix viennent à son secours, mais un menhir chute lourdement sur le druide, ce qui le rend amnésique. Or, pas de druide, pas de potion...
Folle créativité, humour décalé et retour vers le passé
Librement inspirée de l'album BD éponyme de 1966, la mini-série Le Combat des chefs version Alain Chabat offre à ce dernier un terrain de jeu idéal pour donner libre cours à la folie douce, l'imagination et l'humour décalé qui lui valent une place à part dans le cœur des Français depuis la fin des années 1980. Un esprit qui se marie avec joie à la folie douce de la bande dessinée – comme c'était déjà le cas pour le film de 2002 – tout en modernisant son univers. À Rome, comme au village gaulois, émergent des figures féminines qui n'existaient pas dans la BD ou qui remplacent des personnages masculins, comme Métadata et Apothika (doublée par Jeanne Balibar).
Si ce nouveau Combat des chefs féminise la saga, il lui confère aussi une profondeur émotionnelle particulière. Un flash-back nous plonge dans la genèse de la potion magique et l'ancienneté de l'amitié unissant Astérix à Obélix, une amitié malmenée durant la nouvelle épreuve à laquelle ils sont confrontés.
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Mais Le Combat des chefs coréalisé par Alain Chabat et Fabrice Joubert, c'est avant tout de l'humour, avec les folles trouvailles qui ponctuent chaque épisode, les jeux de mots en série, les intermèdes très "chabatiens". C'est une collection de noms de Gaulois et de Romains inspirés de la pop culture des trente dernières années (Fastanefurius, Touinepix...) ou du XXe siècle (Annabarbera, nom de la commentatrice sportive du combat des chefs, est un clin d'œil à la firme américaine d'animation Hanna-Barbera), de la géopolitique (Potus, nom d'un soldat de l'Empire humanisé par la voix de Jean-Pascal Zadi, est l'acronyme de "President Of The United States")...
Des références culturelles pour toutes les générations
Chaque épisode distille son lot de références artistiques ou pop culture qui feront rire ou sourire différentes générations devant leur écran, de Burger Quiz au loup de Tex Avery, d'Omar et Fred aux Temps modernes de Charlie Chaplin, sans oublier Pulp Fiction... Et sans parler des allusions historiques, sociologiques, sportives ou à l'actualité.
Du point de vue esthétique, on savoure le graphisme séduisant, conçu sous la direction artistique d'Aurélien Prédal, et dans lequel les bonnes bouilles des personnages s'épanouissent dans de splendides décors. On déguste enfin une bande-son épicée de chansons survolant les soixante dernières années. Bref, le pari était risqué, mais c'est une réussite.
Astérix et Obélix : Le Combat des chefs, mini-série en 5 épisodes (30 min environ), créée par Alain Chabat, coréalisée par Alain Chabat et Fabrice Joubert sous la direction artistique d'Aurélien Prédal, sur Netflix à partir du 30 avril 2025