Volkswagen, Bosch ou Continental… Comment ces piliers de l’industrie se reconvertissent dans « le réarmement de l’Allemagne »

L’Allemagne est le lieu où la conversion d’une partie de l’industrie vers la fabrication d’armes, est déjà le plus notoirement engagé en Europe. Plusieurs centaines de salariés des grands équipementiers de l’industrie automobile en crise sont passés, ces dernières semaines, du civil au militaire, sur fond d’annonce de somptueux crédits pour la Bundeswehr par le futur chancelier Friedrich Merz et son partenaire SPD au sein de la coalition gouvernementale dont les négociations constitutives viennent à peine de démarrer.

S’appuyant sur cette fuite en avant programmée dans la course aux armements, les groupes Bosch, Continental ou encore ZF Friedichshafen ont amorcé un spectaculaire tournant. Sous la houlette de Rheinmetall, le fabricant des chars d’assaut Leopard et plus gros producteur européen de munition, a été annoncée la conversion de deux usines consacrées à des pièces automobiles vers la production d’armements. Hensold, un autre géant du secteur militaire, est en train de négocier le recrutement de plusieurs centaines de salariés directement auprès de Bosch et Continental.

« Le réarmement de l’Allemagne »

Même les plus hauts dirigeants du groupe Volkswagen en crise n’hésitent pas à déclarer leur flamme à ce qu’il est convenu d’appeler, selon un nouveau champ lexical politiquement correct, adopté outre Rhin de la CDU aux Verts : « le réarmement de l’Allemagne. » Armin Papperger, le PDG de Rheinmetall louche ouvertement sur l’une des usines Volkswagen à Osnabrück (Basse Saxe) qui serait, dit-il, « bien adaptée pour la production de véhicules militaires. »

Interrogé par le media britannique « Telegraph » Oliver Blume, le grand patron du groupe VW ne dément pas. Bien au contraire, il fait valoir que, s’il n’y a « pas encore de plans concrets » sur ce thème, VW dispose d’expériences en matière de productions militaires. « Jadis nous l’avons fait », dit-il sans bien mesurer peut être que la période à laquelle il fait référence est, pour l’essentiel, celle du IIIème Reich.

Dans les éléments de langage d’une très grande coalition des bien-pensants de la débauche de crédits militaires, il est convenu de présenter cette évolution comme un moyen de soigner une industrie qui vient de subir deux années consécutives de récession. Les mannes ouvertes du surarmement, au niveau allemand comme européen, pontifient nombre d’économistes parmi les mieux autorisés vont permettre de retrouver un haut niveau de rentabilité financière sur les marchés mondiaux.

Et l’automobile n’est pas la seule concernée par les sirènes d’une reconversion militaire accélérée des productions. A Görlitz, en Saxe, une usine de tramway et de wagon à impérial du fabricant français Alstom, va être transformée en une succursale de KNDS, dépendance du géant Krauss-Maffei de l’industrie de l’armement allemande. Si l’usine menacée de fermeture est maintenue, elle va perdre tout de même environ un tiers de ses effectifs et sera désormais uniquement spécialisée sur les pièces de plusieurs gammes de chars d’assaut, Leopard, Puma et Boxer.

Et cela en dépit du sous-équipement manifeste en personnel et en matériel dont souffre la Deutsche Bahn (le chemin de fer fédéral) ou de certaines cités. Comme le soulignait dans ces mêmes colonnes, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, il n’est effectivement « rien de pire » pour les travailleurs du continent que l’économie de guerre.

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