Cardinal François-Xavier Bustillo : «Non, le pape ne méprise pas Paris et Notre-Dame pour favoriser la Corse»
ENTRETIEN - L’archevêque d’Ajaccio explique l’enjeu de la visite de François, le 15 décembre à Ajaccio, que le Vatican vient d’annoncer officiellement. Un déplacement qui suscite l’incompréhension, alors que le pape a refusé de venir à Paris, le 8 décembre, pour la réouverture de Notre-Dame.
Le Vatican a confirmé ce samedi que le pape François, 87 ans, se rendra en Corse le dimanche 15 décembre pour participer à un congrès sur la piété populaire regroupant plusieurs évêques de pays méditerranéens. Il rencontrera les autorités de l’île ainsi que le président de la République, qui devrait faire le déplacement. Concentrée à Ajaccio, la visite d’une journée se conclura par une grande messe célébrée dans la ville. Ce séjour en Corse, qui aura lieu une semaine après les cérémonies de réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, où le pape a refusé de se rendre, suscite une profonde incompréhension dans l’opinion publique et de la part des autorités, qui le vivent comme un camouflet. Des critiques auxquelles répond le cardinal François-Xavier Bustillo, 55 ans, religieux franciscain, nommé archevêque d’Ajaccio par le pape. Cette figure montante de l’Église catholique, d’origine espagnole et formé en Italie, suit un parcours très remarqué sur l’île de beauté.
LE FIGARO.- Le voyage du pape en Corse a été annoncé avec un certain retard. Quel grain de sable a ralenti ce processus ?
MGR FRANÇOIS-XAVIER BUSTILLO.- Le pape a souhaité accomplir ce voyage. Je n’ai aucun pouvoir pour lui dire ce qu’il doit faire. Nous sommes dans la logique de respect. C’est un voyage du pape. Il faut que tous les éléments soient en ordre avant de l’annoncer. Il a fallu régler certains détails qui ne sont pas des obstacles, ni des problèmes, mais des ajustements. Rome veut vérifier des aspects pratiques relatifs à la santé du pape pour que tout se passe dans de bonnes conditions. En soi, le voyage est court, il n’est pas fatigant pour le pape, mais il faut qu’il soit parfaitement ajusté.
À Rome, certains disent que l’invitation formelle du président français n’était pas arrivée encore cette semaine, ce qui explique le report de l’annonce du voyage, initialement prévue samedi dernier, à ce samedi ?
Le pape est un chef d’État. Il vient à l’invitation du chef d’État qui le reçoit. Cette pratique diplomatique est habituelle, je ne vois là aucune difficulté. En tout cas je n’ai pas senti de blocage de la part de l’État. Quant au Saint-Siège j’ai perçu une démarche de responsabilité pour assurer les meilleures conditions pour le voyage. Mais comme je l’ai expliqué publiquement jeudi, il fallait un accord entre l’Élysée et le Vatican. Le pape ne peut pas venir dans un pays s’il n’y a pas l’accord avec le président de la République. Cette question de pure formalité est maintenant réglée. Jamais le pape ne s’impose à une autre autorité publique, il doit être invité.
La rencontre avec le président de la République n’était pas prévue dans le premier projet. A-t-elle été récemment ajoutée au programme ?