Emeute de la faim à Gaza : plusieurs dizaines de mort dans un mouvement de foule, Tsahal reconnaît avoir «répondu par des tirs»

Dans la ville de Gaza, une émeute de la faim a provoqué la mort de 70 à plus de 100 personnes et fait plusieurs centaines de blessés, dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle a eu lieu au sud de la cité, sur la route côtière, à proximité du rond-point « Al Nabulsi. » Dans un moment de chaos total, des Palestiniens affamés ont été touchés par des tirs de l'armée israélienne. D'autres ont été victimes du mouvement de foule, certains auraient péri écrasés par les camions d'aide humanitaire.

Habitant de la ville de Gaza, déplacé six fois depuis le début de la guerre, Maher Habboush était sur place. Cet homme de 34 ans, père de deux filles, est comme les près de 300.000 Palestiniens survivant encore dans la ville en ruines : il a faim. « Quand j'ai appris qu'un convoi humanitaire allait arriver dans la nuit, je suis allé rue Al Rashid. » C'est par ce boulevard longeant la côte que les camions d'aide entrent dans la ville de Gaza. Mahed Habboush sait que ces chargements sont généralement dévalisés par la foule avant même d'avoir pu atteindre leur destination. C'est pourquoi il se rend, en pleine nuit, à proximité d'un checkpoint de l'armée israélienne, que les camions doivent franchir dans la nuit.

Des tirs de l’armée israélienne

«Quand je suis arrivé, j'ai été étonné par le nombre de personnes : il y en avait des milliers, des femmes, des enfants, qui dormaient sur place pour être certains de récupérer quelque chose.» Vers une heure du matin, raconte-t-il, la foule voit les phares du convoi percer la nuit. «Les gens ont commencé à courir vers le checkpoint et vers les camions. Ils avaient à peine passer le checkpoint qu'ils étaient déjà dévalisés.» Filmée par un drone de l'armée israélienne, une vidéo montre des centaines de personnes massées autour de camions en mouvement. «Généralement, poursuit Maher Habboush, l'armée israélienne tire en l'air quand un convoi humanitaire arrive. Mais là, les gens se sont approchés tout près et les soldats ont commencé à nous tirer dessus.»

Dans la matinée de jeudi, l'armée israélienne a diffusé un communiqué selon lequel «des dizaines de résidents de Gaza ont entouré et pillé les camions. Pendant cet incident, des dizaines d'habitants de Gaza ont été blessés.» L'armée reconnaît également que «plusieurs personnes qui encerclaient les camions d'aide humanitaire se sont approchées des troupes de Tsahal sécurisant le passage des camions.» Elle affirme que «la foule s'est approchée des forces de manière à constituer une menace pour les troupes, qui ont répondu par des tirs réels.» Un peu plus tard, un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Hyman, a indiqué que «les camions ont été submergés et les conducteurs [...], qui étaient des conducteurs civils de Gaza, ont foncé sur la foule, tuant finalement [...] des dizaines de personnes». Une «tragédie», selon le représentant de l’État hébreu.

Le Hamas a affirmé que ce «massacre» met en péril les négociations pour la libération de 134 otages israéliens enlevés depuis l'attaque terroriste du 7 octobre, qui a déclenché une guerre au cours de laquelle 30.000 Palestiniens de Gaza ont trouvé la mort.