Le retour de Donald Trump, un vent d’ouest « césariste »

Si, à partir du 6 juin 1944, les Américains, sous l’égide du président démocrate Franklin Roosevelt, ont contribué à la libération de la France et de l’Europe occidentale du fascisme, depuis l’élection du républicain Donald Trump le 5 novembre 2024, les Américains assistent à l’installation d’un régime de type fasciste dans leur propre pays et risquent pour une part de le fuir.

En effet, cette élection ne marque pas une simple alternance tranquille entre deux partis démocratiques, comme ce fut le cas aux États-Unis dans la seconde moitié du XXe siècle, mais le passage d’un régime démocratique pluraliste interventionniste à un régime autoritaire isolationniste, qui s’apparente non seulement à un régime national-populiste, mais aussi à un régime césariste auquel s’est particulièrement référé un certain Benito Mussolini.

Mais qu’est-ce que le césarisme ? C’est, écrit Victor Hugo, « un régime politique institué par Jules César consistant dans le gouvernement autoritaire d’un homme qui s’est fait porter au pouvoir par le peuple en se faisant conférer le pouvoir absolu » (Victor Hugo, Actes et paroles, 1876). Plus généralement, il s’agit d’un régime qui comporte une dimension démagogique et populiste, dans le sens où le chef tire officiellement sa légitimité directement du peuple contre les élites, et qui se concrétise, selon Antonio Gramsci, par « l’irruption d’une grande personnalité revendiquant être le sauveur de la Nation. »

Si l’on considère, comme le philosophe italien, qu’il existe plusieurs personnalités politiques contemporaines incarnant le césarisme, tels Napoléon III, Bismarck et Mussolini, qui ont toutes contenu la contestation ouvrière et empêché la révolution, on peut dire que Donald Trump est leur héritier. Comme Jules César au Ier siècle avant J.-C., et plus récemment comme Benito Mussolini au XXe siècle, le nouveau président élu valorise l’autorité, la force physique, la nostalgie de la grandeur de la nation (celle de Rome pour Mussolini et celle de l’Amérique pour Trump), la guerre, le patriarcat, la virilité, que dans un vocabulaire moderne nous appelons le machisme, le masculinisme ou le sexisme, et enfin la misogynie.

Toutes ces « valeurs », glorifiées par Jules César et Mussolini, sont aujourd’hui portées au pinacle par Donald Trump. Sa lutte contre l’avortement, son combat contre le mouvement #MeToo, son dénigrement des femmes, des minorités sexuelles, son admiration pour des dirigeants autoritaires actuels qui usent, voire abusent, de la force, tels Vladimir Poutine, et son désir d’arrêter ses opposants, considérés comme des « ennemis de l’intérieur », en sont les parfaites illustrations.

Alors, que faire pour affronter ce régime césariste inquiétant qui se profile et qui aura des conséquences non seulement en Europe, mais dans le monde entier ? La France, et en particulier les forces politiques de gauche seraient bien inspirées de s’unir pour militer d’abord et avant tout pour construire une Europe politique indépendante et unie.

Pour ce faire, face à l’essor inéluctable des puissances autoritaires dans le monde, la construction d’une nouvelle Internationale européenne sociale-démocrate (au sens allemand du XIXe siècle), une sorte de « Ve Internationale », qui proposerait une nouvelle démocratie sociale, visant à réduire réellement et non formellement les inégalités sociales, à assurer un nouvel « État-providence », une meilleure représentativité des classes populaires et moyennes, une meilleure distribution et un meilleur partage des richesses, et qui éviterait deux écueils, la dérive sociale-libérale d’un côté et la dérive populiste de l’autre, apparaît comme la seule solution.

Dans le cas contraire, les partis de gauche resteront définitivement minoritaires, les peuples européens céderont aux sirènes populistes et fascistes à venir, des régimes illibéraux, fascistes ou césaristes se multiplieront, car, comme l’écrivait le dramaturge allemand Bertolt Brecht, « le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution en temps de crise », et enfin la guerre risque de se propager à nouveau dans l’ensemble de l’Europe comme au siècle dernier.

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