Grâce présidentielle pour Boualem Sansal : "Le gouvernement algérien nous a baladés pendant deux mois", déplore la présidente de son comité de soutien, après une nouvelle déception
Ses proches espéraient une grâce présidentielle à l'occasion du 63e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, samedi 5 juillet. Le président Abdelmadjid Tebboune a en effet accordé une grâce à des milliers de détenus mais dans un communiqué, la présidence algérienne a précisé que seraient exclues de cette mesure les personnes "définitivement condamnées" pour toute une série d'infractions, dont l'atteinte à l'unité territoriale.
Or, mardi, l'écrivain franco-algérien de 80 ans, emprisonné depuis sept mois en Algérie, a été condamné en appel à cinq ans de prison pour atteinte à l'unité nationale. Cette grâce pour Boualem Sansal "n'aura pas lieu et c'est regrettable", "tous les prisonniers politiques et d'opinion en Algérie ont été exclus de la grâce présidentielle annuelle", note, amère, Noëlle Lenoir, juriste, ancienne ministre, présidente du comité de soutien de Boualem Sansal, invité sur France Inter samedi."Le gouvernement algérien nous a baladés pendant deux mois."
"Nous gardons espoir"
La présidente du comité de soutien à l'écrivain souligne qu'il "y avait des signaux qui pouvaient paraître positifs", fruits "de négociations discrètes des diplomaties française et allemande". Elle rappelle que le président du groupe UDR à l'Assemblée nationale, Éric Ciotti, a retiré sa proposition de résolution pour abroger les accords franco-algériens de 1968 qui confèrent un statut particulier aux Algériens. Puis, l'avocat de Boualem Sansal, Me Pierre Cornut-Gentille, a obtenu un visa pour se rendre en Algérie et ainsi s'entretenir avec son client. "On avait cet espoir mais tout s'est effondré, y compris pour le comité de soutien, lorsque ce malheureux jeune journaliste, Christophe Gleizes, a été condamné et incarcéré", déplore Noëlle Lenoir.
Un dernier scénario est encore possible : celui d'une grâce individuelle. "Nous gardons espoir, nous pensons qu'il sera libéré. C'est impossible que l'Algérie prenne la responsabilité de sa mort en prison", déclare la présidente du comité de soutien de Boualem Sansal.
Selon elle, une question se pose désormais : "Quelle sera maintenant l'attitude du gouvernement français ?" Par ailleurs, le comité de soutien de Boualem Sansal a saisi en avril dernier la médiatrice de l'Union européenne. "Nous avons dénoncé la violation par l'Algérie de son accord d'association avec l'Union européenne. C'est un accord de libre-échange, son exécution dépend des conditions fixées dans le texte. Dans l'article 2, il y a le respect des droits humains", explique Noëlle Lenoir. "S'il n'y a pas de respect des droits fondamentaux, il n'y a pas d'accord d'association et c'est ce que nous demandons", insiste-t-elle.