Jour J pour le débat sur la taxe Zucman. La mesure phare réclamée par les socialistes est débattue, vendredi 31 octobre, à l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de finances. Cette taxe sur les hauts patrimoines a très peu de chances d'obtenir une majorité, car ni le RN, ni le bloc central ne comptent la voter. Mais cette journée reste importante, car le gouvernement pourrait faire d'autres gestes en direction de la gauche.
"On ne fera jamais la taxe Zucman", même dans sa version allégée, et le PS le sait, selon des cadres macronistes. Cette taxe est combattue par Sébastien Lecornu lui-même, encore jeudi soir, il accuse certains élus de manquer de vision globale : "C'est quand même dissocier beaucoup trop la question de la fiscalité, de la question de l'économie, de la croissance et de l'emploi. Enfin, il ne faudrait pas que des impôts improvisés créent des faillites certaines. Et comme l'économie, c'est de la psychologie..."
Le Premier ministre soulève également la question de la rentabilité : est-ce que cela rapporte bien les 15 milliards d'euros avancés par la gauche ? Il a demandé à Bercy de chiffrer au mieux chacune des mesures poussées par les oppositions, pour que chacun vote "de bonne foi".
Et, preuve que le sujet est important, Sébastien Lecornu est attendu dans l'hémicycle dans la journée de vendredi, aux côtés de la ministre des Comptes publics. De quoi mobiliser les forces du bloc central mais aussi permettre au chef du gouvernement de valider lui-même des propositions qui embarqueraient les voix des socialistes. Le gouvernement est le seul à pouvoir proposer un amendement à tout moment.
D'autres mesures dans la balance
Le poids du gouvernement va peut-être se constater, dès vendredi matin, avec le premier débat à l'ordre du jour sur les holdings familiales. Il s'agit d'une des mesures imaginées par le gouvernement il y a quelques semaines. Elle consiste à taxer davantage ces structures permettant de l'optimisation fiscale, une manière de taxer les hauts patrimoines. Bercy a travaillé sur un durcissement de la proposition initiale et le gouvernement espère convaincre le PS, tout en gardant les voix macronistes. "Il faut tenir les deux bouts de l'omelette" pour avoir une majorité, résume un député.
La mesure ferait rentrer quelques milliards d'euros de plus dans les caisses de l'État, tout comme le durcissement de l'impôt sur les sociétés, voté il y a quelques jours. "Nous sommes condamnés à ouvrir plusieurs robinets pour remplir le bain", estime un poids lourd du gouvernement, qui a bien noté le changement de discours des socialistes. Ce n'est pas tant la taxe Zucman qu'ils réclament, que de la justice fiscale pour arriver à trouver 15 milliards d'euros.
Du côté du gouvernement, on assure qu'"il n'y a aucune mesure unique avec un aussi gros rendement", et que "ça sera plutôt un package". Un ministre livre son analyse : "Il ne faut pas forcément regarder le débat à l'instant T. Le compromis, c'est du café qui filtre sur plusieurs semaines."