« 95 % des cancers professionnels passent sous les radars » : enquête sur un mal largement sous-estimé du travail
Du 10 au 12 février s’est tenu le procès de la rénovation de l’Opéra royal du château de Versailles. « Un soir, en 2009, mon mari est apparu extrêmement fatigué, avec des maux de ventre. Lors d’une discussion avec notre médecin traitant, est venue l’idée de contrôler le plomb sur le chantier où il exerçait, au château, comme intérimaire. C’est le point de départ de plus de quinze années de bataille », relate Claudia Andrieu, épouse d’un menuisier contaminé et membre de l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS).
Cinq ouvriers entendent obtenir des réparations, alors que la crainte de développer un cancer à la suite d’expositions au plomb, classé par le Code du travail parmi les produits cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), est persistante. Le paquet a requis contre la société de François Asselin, spécialisée dans la restauration de bâtiments anciens, 150 000 euros d’amende. Et 20 000 euros d’amende et quinze mois d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de cet ex-patron de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
De 69 600 à 102 100 cancers attribuables aux activités professionnelles
Ce procès est la face émergée de l’iceberg. Dans son dernier rapport annuel au Parlement et à l’exécutif sur l’« estimation du coût réel, pour la branche maladie, de la sous-déclaration des accidents du travail et des maladies professionnelles », l’Assurance-maladie indique que « le nombre de cas de cancer attribuables à l’activité professionnelle serait compris entre 69 600 et 102 100. » Rapportés aux 433 000 nouveaux cas de cancer répertoriés durant l’année 2023, ceux qui sont imputables à un travail exposé à des cancérogènes représenteraient ainsi entre 16 % à 24 % des nouveaux cas annuels.