Eurockéennes de Belfort : interdiction de concert confirmée pour le rappeur Freeze Corleone
Le rappeur Freeze Corleone ne pourra pas se produire dimanche 6 juillet au soir aux Eurockéennes de Belfort, a appris ICI Belfort-Montbéliard auprès du tribunal administratif de Besançon ce vendredi. L'arrêté préfectoral qui interdit sa prestation "ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales", a tranché la justice, saisie en urgence par le rappeur et le festival.
Mardi, le préfet du Territoire de Belfort avait interdit par arrêté le concert de Freeze Corleone aux Eurockéennes. Il a évoqué un risque de troubles majeurs à l’ordre public et a "rappelé que nombre de titres du rappeur contiennent des propos complotistes, ouvertement antisémites", relate le tribunal administratif de Besançon dans son communiqué.
Pour permettre au rappeur de 33 ans de se produire, l’association Territoire de Musiques, organisatrice du festival, et Freeze Corleone, avaient alors saisi le tribunal administratif de Besançon via une procédure d’urgence, afin de "protéger les libertés fondamentales". Les deux parties ont dénoncé une "atteinte grave et manifestement illégale portée par cette interdiction à la liberté d’expression et de libre communication des idées, la liberté de réunion, d’entreprendre et d’accès aux œuvres culturelles et, pour l’association, à la liberté de programmation des organisateurs d’évènements culturels."
Des textes faisant, selon le préfet, l’apologie du nazisme ou du racisme
Dans son communiqué justifiant sa décision, le tribunal administratif de Besançon a estimé que les textes prévus pour être chantés sur scène dimanche aux Eurockéennes "font effectivement l’apologie du nazisme ou du racisme et comportent une incitation à la haine, la violence ou la discrimination contre des groupes de personnes identifiés", mais aussi qu'il existe un "trouble immatériel à l’ordre public occasionné par les paroles du rappeur Freeze Corleone", et qu'il "est tel qu’il suffit à écarter toute atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales invoquées."
Jeudi, le programmateur du festival Jean-Paul Roland avait dénoncé au micro de franceinfo une "récupération" politique "sur des sujets culturels". "La bataille de la culture est engagée, des associations comme les nôtres doivent être les garants de cette liberté de programmation et ça fait 35 ans que ça dure", avait ajouté le directeur général de Territoire de Musiques. En 2023, Freeze Corleone, habitué des interdictions préfectorales, avait obtenu la confirmation de deux concerts au Zénith de Paris, ainsi qu'à Rennes, mais il avait vu l'interdiction de deux autres concerts être confirmée en 2024 à Lille et Nantes.