Eurockéennes de Belfort : le directeur du festival défend "la liberté de programmation" après un arrêté préfectoral annulant le concert de Freeze Corleone
"Ce que nous défendons, qu'on aime ou qu'on n'aime pas Freeze Corleone, c'est effectivement la liberté de programmation, le libre accès aux œuvres culturelles. Ce festival s'est monté sur la confiance qu'on fait à la jeunesse", affirme jeudi 3 juillet sur franceinfo Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes de Belfort après un arrêté préfectoral annulant le concert de Freeze Corleone prévue dimanche 6 juillet à 19 heures.
"Il faut faire confiance aux gens"
"Je pense que les valeurs que l'on défend dans ce festival sont des valeurs de générosité, de tolérance. Tous les artistes qui jouent aux Eurockéennes dans leur contrat ont une clause 'comportement de l'artiste' qui réitère les valeurs que porte le festival. On aura le résultat de la course judiciaire cet après-midi ou demain", affirme-t-il. Programmer un artiste ne veut pas dire cautionner tout ce qu'il dit, selon le directeur du festival. "Il faut faire confiance aux gens."
Freeze Corléone a décidé de contester cette interdiction en procédure de référé. L'audience était fixée jeudi à 15h30 devant le tribunal administratif de Besançon. En 2023, le rappeur de 33 ans, habitué des interdictions préfectorales, avait obtenu la confirmation de deux concerts au Zénith de Paris, ainsi qu'à Rennes, mais il avait vu l'interdiction deux autres concerts confirmée en 2024 à Lille et Nantes.
"La bataille de la culture est engagée"
L'artiste est dans le collimateur des élus, du Territoire de Belfort après une alerte lancée par le député RN Guillaume Bigot. Freeze Corleone est accusé de relayer des textes provocateurs jugés antisémites, homophobes ou faisant l'apologie du 3ᵉ Reich et du terrorisme. "Le programmateur regrette que je prenne cette décision et moi, je regrette qu'il ait programmé cela", avait justifié mardi 1er juillet le préfet du Territoire de Belfort sur ICI Belfort-Montbéliard (ex-France Bleu).
Alain Charrier avait estimé, que la prestation du rappeur pouvait donner lieu "à des troubles à l'ordre public à cause des textes de ses chansons qui font l'apologie de l'antisémitisme, du terrorisme et fait mention du nazisme. L'artiste n'a pas sa place dans ce festival qui rassemble un public familial", selon le représentant de l'Etat.
Jean-Paul Roland de son côté dénonce une certaine "récupération" politique "sur des sujets culturels". Pour lui, "la bataille de la culture est engagée, des associations comme les nôtres doivent être les garants de cette liberté de programmation et ça fait 35 ans que ça dure".