Gaza : "On va vers un nettoyage ethnique aujourd'hui", dénonce l'ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian
"On va vers un nettoyage ethnique aujourd'hui" à Gaza, dénonce, vendredi 6 juin, sur France Inter l'ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. L'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses opérations militaires dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire est déjà catastrophique.
Interrogé sur l'emploi du mot "génocide", Jean-Yves Le Drian, actuellement représentant personnel du président de la République au Liban, indique : "Je préfère, pour décrire cette situation tragique, utiliser un mot qui est utilisé par l'ancien Premier ministre israélien Olmert, qui est que nous allons vers un nettoyage ethnique, c'est-à-dire des crimes de guerre et contre l'humanité." "On va vers un nettoyage ethnique aujourd'hui, chacun peut le constater", insiste-t-il. L'emploi du terme "génocide" doit lui être "décidé par un juge", indique-t-il.
"On a dépassé les limites de l'inacceptable"
Pour Jean-Yves Le Drian, "on a dépassé les limites de l'inacceptable" aujourd'hui à Gaza. "Le fait d'utiliser l'arme de la famine comme un outil d'action militaire est absolument dramatique. Je pense que Nétanyahou, par sa politique, aboutit au fait qu'Israël est aujourd'hui un peu au bord de l'abîme." Il décrit un pays "en faillite morale", "en train de devenir, du fait de l'action de Nétanyahou, une espèce d'État paria au niveau international".
Par ailleurs, "le côté inacceptable, c'est le fait que lorsque l'on critique la politique du gouvernement de Nétanyahou, on est accusés immédiatement d'antisémitisme. Ce n'est pas possible, cet amalgame-là est tout à fait condamnable. Lorsque le président de la République fait une intervention en demandant que l'aide humanitaire arrive, il est taxé d'être le complice du Hamas, ce n'est plus possible, c'est inacceptable."
Pour Jean-Yves Le Drian, la solution se trouve entre les mains des Israéliens. "Je ne vois pas aujourd'hui d'autres issues que le fait que le peuple israélien lui-même marque l'arrêt de cette dérive considérable", dit-il. Par ailleurs, à titre personnel, l'ancien ministre des Affaires étrangères français se prononce en faveur de la reconnaissance d'un État palestinien. Une conférence internationale sur la solution dite à deux États, israélien et palestinien, aura lieu à l'ONU, à New York, coprésidée par la France et l'Arabie saoudite, le 18 juin.