GRAND RÉCIT - 13 Novembre : des premières menaces de l’État islamique à l’effroi dans les rues de Paris, le récit d’une tragédie annoncée
«On est parti, on commence» : avant de s’engouffrer dans le Bataclan en ce soir du 13 novembre 2015, l’un des trois islamistes venus dans la salle de spectacle pour y semer la mort envoie cet ultime SMS à 21h42. Sur scène, les musiciens du groupe Eagles of Death Metal jouent depuis 45 minutes devant environ 1500 spectateurs lorsque claquent les premiers coups de feu.
Peu avant, deux autres commandos ont, eux aussi, perpétré l’indicible au nom de l’État islamique. Chacun composé de trois djihadistes portant des gilets explosifs et armés de fusils d’assaut, ils ont déclenché des raids kamikazes dès 21h16 aux abords du Stade de France à Saint-Denis, où se déroule un match amical France-Allemagne en présence du président François Hollande, puis une équipée mortifère sur les terrasses de trois cafés des Xe et XIe arrondissement. Partout des cris, du sang et des larmes. Le bilan est de 130 morts, 490 blessés et plusieurs milliers de vies brisées.
Jamais la France, dans son histoire, n’a subi des telles attaques. La tragédie s’est passée un vendredi, un jour redouté par les services antiterroristes tant les islamistes l’ont si souvent choisi pour passer à l’action : tenant une place spéciale dans la vie des pratiquants rigoristes, il est associé à de nombreuses pratiques censées «renforcer le lien avec Allah». Un vendredi 13 rouge sang, gravé à jamais dans les mémoires et que les policiers nomment «V13».
Les cloches de Notre-Dame de Paris et des églises parisiennes sonneront en soirée
Les cloches de Notre-Dame de Paris et des églises de la capitale sonneront jeudi dans la soirée en hommage aux victimes des attentats du 13 Novembre, a annoncé l’archevêque de Paris Laurent Ulrich dans un message aux Parisiens.
«Il y a dix ans, notre ville était brutalement endeuillée par la mort de 130 innocents. Pour beaucoup d’entre nous, le souvenir du 13 novembre 2015 est, encore aujourd’hui, celui d’une longue nuit d’angoisse» et «de notre sidération face à l’intensité du mal», affirme Mgr Ulrich dans ce message. «Dix ans plus tard, nous continuons inlassablement de porter dans notre prière au Seigneur ceux qui ont quitté cette vie le 13 novembre 2015, ainsi que leurs proches, ceux qui ont survécu à cette nuit et qui demeurent blessés, marqués, meurtris», ajoute-t-il.
L’archevêque de Paris affirme que «ce soir, les cloches de toutes les églises de Paris sonneront pour nous inviter à nous unir, tous ensemble, dans cette même prière».
Concrètement, «le bourdon de toutes les églises doit sonner entre 17h57 et 18h02», a-t-on précisé au diocèse de Paris. Ensuite les églises les plus proches de la place Saint-Gervais où aura lieu l’hommage en soirée «ne sonneront plus jusqu’à 20 heures» pour ne pas perturber la cérémonie, a-t-on ajouté de même source.
Mgr Ulrich précise que «des messes, des veillées, ont lieu dans plusieurs paroisses». «Ceux d’entre vous qui le souhaitent peuvent manifester leur communion et leur prière en allumant une bougie à leur fenêtre», ajoute-t-il.
Le programme de la journée de commémorations
Comme chaque année, des commémorations se tiennent successivement dans chaque lieu où se sont déroulées les attaques perpétrées par les terroristes islamistes en présence des élus locaux et de représentants des associations de victimes. Voici le programme de la journée :
11h30 : Stade de France
12h30 : Carillon et Petit Cambodge
13h : Bonne Bière
13h30 : Comptoir Voltaire
13h50 : Belle Équipe
14h30 : Bataclan
18h : début de la cérémonie officielle au Jardin du 13 Novembre, place Saint-Gervais, en présence d’Emmanuel Macron et Anne Hidalgo. Durant cette cérémonie sera inauguré par la même occasion ce «jardin du souvenir» réalisé pour rendre hommage aux victimes du 13.
Toutes ces commémorations sont retransmises en direct sur un écran géant installé sur la place de la République.
13 Novembre : la chronologie de cette nuit d’horreur
Les fusillades et explosions éclatent vendredi soir quasi simultanément autour du Stade de France, à Saint-Denis, et dans l’est de Paris. 129 personnes sont mortes et 352 sont hospitalisées, dont 99 en «urgence absolue».
Entre 21h20 et 21h53: trois explosions retentissent autour du Stade de France, à Saint-Denis, près des portes D et H et rue de la Cokerie, pendant le match amical France-Allemagne, disputé devant 80.000 spectateurs. Une personne est tuée ainsi que trois kamikazes. Une, puis deux détonations se font entendre mais le match continue. Les joueurs et les spectateurs ignorent ce qui se passe au-dehors, comme en témoigne Christophe qui l’apprend en sortant, alors que son fils, «inquiet», l’appelle au téléphone. Un chauffeur privé qui attendait la fin du match aux abords du stade est «touché par un éclat de bombe à la cuisse», atteste son employeur. Il est opéré dans la nuit.
21h25:fusillade à Paris à l’angle des rues Bichat et Alibert (Xe arrondissement). Face à face, le bar Le Carillon et le restaurant Le Petit Cambodge sont visés par des tireurs qui sortent d’une Seat type Leon noire. Des lieux très fréquentés par les jeunes Parisiens et les étrangers. Vitrines et terrasses sont criblées de balles, le sang abonde sur le trottoir, il y a quinze morts. Une centaine de douilles sont retrouvées sur la chaussée. Des survivants décrivent des scènes «irréelles», des corps «en pièces détachées». «C’était surréaliste, tout le monde était à terre, personne ne bougeait», relate une femme. Marie-Laurence, une habitante du quartier qui a vécu les attentats du 11-Septembre à New York, est «dans l’incompréhension et la tristesse» mais se «refuse à la peur».
Bienvenue sur ce direct
Bonjour à tous et bienvenue sur ce direct consacré aux commémorations du 10e anniversaire des attentats du 13 Novembre. Durant cette nuit d’automne de 2015, trois commandos islamistes armés et revendiqués par l’État islamique ont perpétré un massacre dans Paris et à Saint-Denis au Stade de France.
130 personnes ont succombé aux tirs de kalachnikovs ou aux attaques de kamikazes qui se sont fait exploser. Trois victimes se sont ensuite donné la mort. Ces attentats sont, à ce jour, les plus meurtriers perpétrés en France.