Une enquête ouverte après l'irruption de militants propalestiniens cagoulés lors d'un cours donné à l'université Lyon 2
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "entrave à l'exercice de la fonction d'enseignant". Annoncée vendredi 4 avril, l'ouverture de cette investigation survient après qu'un professeur de l'Université Lyon 2 a été pris à partie mardi par un groupe de militants en plein cours. Sur une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux, on voit plusieurs personnes avec des masques sur le visage en train d'interrompre le cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l'Irak et de la Syrie, en brandissant une pancarte "Pour une Palestine libre" et en criant "raciste, sioniste, c'est vous les terroristes". Le maître de conférences a alors interrompu le cours et quitté l'amphithéâtre.
Le parquet, qui avait reçu un signalement de l'université, précise dans un court message à l'AFP avoir confié les investigations à la police mais ne donne aucun détail sur les faits. "Une quinzaine d'individus masqués et cagoulés a brutalement fait irruption dans le cours d'un enseignant de notre université, l'insultant et hurlant des slogans remettant en cause ses analyses et ses prises de position publiques", a déclaré pour sa part la direction de l'établissement dans un communiqué. L'université y "dénonce avec la plus grande vigueur ces agissements absolument intolérables" et "réaffirme avec force son attachement au respect de la liberté académique".
"Je vais porter plainte avec le soutien de l'université (...) car on ne peut pas laisser passer ça", a réagi vendredi soir l'enseignant au micro de BFMTV. "Depuis le 7-Octobre, la tension monte" sur le campus", a-t-il poursuivi, évoquant un "entrisme" et une "domination de l'extrême gauche" sur le site. "Lundi, je vais reprendre mes cours normalement, ce n'est pas à moi d'avoir peur", a-t-il ajouté.
Des faits "inacceptables" pour le ministère de l'Education nationale
Le ministère de l'Education nationale a dénoncé dans un communiqué une situation "absolument inacceptable", ajoutant que l'enseignant a été visé parce qu'il a soutenu la décision de l'université de ne pas autoriser la tenue de repas pour la rupture du jeûne du ramadan dans ses locaux. Une raison également mise en avant par Fabrice Balanche, lors d'une autre intervention sur la chaîne sur CNews, mais que réfutent les organisateurs de cette action.
Le groupe Autonomes de Lyon 2, qui revendique cette action sur les réseaux sociaux, a ainsi expliqué reprocher à l'enseignant "des positions inacceptables sur la Palestine et la Syrie". Ce n'est pas la première fois que des universités sont le théâtre de manifestations en lien avec la situation au Proche-Orient et au Moyen-Orient. En mai, les étudiants de l'université Paul-Valéry de Montpellier (Hérault) avaient bloqué l'accès à leur campus en soutien à la Palestine, dénonçant les partenariats de leur faculté avec des établissements israéliens et se défendant de tout antisémitisme. Des blocages s'étaient multipliés dans des universités françaises ainsi qu'à Sciences Po. En janvier, des étudiants ont bloqué l'Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg pour protester contre le partenariat entre l'établissement et l'université Reichman de Herzliya, en Israël, déployant notamment une banderole proclamant "Israël Génocide Sciences Po complice".