Zelensky rejette les "ultimatums" de Moscou, Poutine accuse Kiev de "perturber" les pourparlers
Accusations mutuelles après de nouveaux pourparlers lundi à Istanbul. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mercredi 4 juin des "ultimatums" inacceptables pour Kiev au sujet des conditions de paix proposées par Moscou.
De son côté, son homologue russe Vladimir Poutine a accusé l'Ukraine d'avoir voulu "perturber" les négociations en commanditant des explosions ferroviaires en Russie.
Le dirigeant ukrainien a également jugé que continuer les pourparlers Russie-Ukraine à Istanbul en l'état, avec les délégations actuelles, n'aurait "pas de sens", après deux cycles de pourparlers de paix directs peu fructueux.
Lors de la deuxième réunion bilatérale, tenue sous médiation turque lundi, la délégation russe a remis aux Ukrainiens la liste de demandes maximalistes de Moscou, comprenant notamment le retrait des forces ukrainiennes des régions ukrainiennes annexées par Moscou, le renoncement de l'Ukraine à rejoindre l'Otan ou encore la limitation de la taille de son armée.
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"C'est un ultimatum que la partie russe nous adresse", a dénoncé lors d'une conférence de presse Volodymyr Zelensky.
Pour faire avancer les discussions avec Moscou, le dirigeant ukrainien réclame un cessez-le-feu préalable à des discussions et un sommet avec Vladimir Poutine et Donald Trump. "Nous sommes prêts à une telle réunion n'importe quand", a-t-il assuré, évoquant aussi la présence éventuelle du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Pour Kiev, Moscou veut juste gagner du temps
À ce stade, le Kremlin a toutefois dit conditionner une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky – ce qui serait la première depuis 2019 – à l'obtention d'"accords" préalables entre Moscou et Kiev.
Cette position frustre Kiev qui y voit la volonté de Moscou de gagner du temps, au moment où l'armée russe avance sur le front, face à des forces ukrainiennes moins nombreuses et fatiguées par plus de trois ans d'invasion russe.
Mercredi, Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de mener ces pourparlers uniquement pour plaire à Donald Trump, qui pousse pour un arrêt des combats. "Ils l'ont fait" pour "obtenir un délai, qui dépend personnellement du président Trump, pour savoir s'il va ou non retarder la mise en place de (nouvelles) sanctions", a-t-il estimé.
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En l'état, le président ukrainien se montre très critique également de la composition de la délégation russe, emmenée à deux reprises par un conseiller présidentiel de second rang, jugeant qu'elle n'avait pas le "niveau" pour décider d'un cessez-le-feu, que Kiev réclame.
"Poursuivre les réunions diplomatiques à Istanbul à un niveau qui ne permet pas de régler quoi que ce soit n'a pas de sens", a-t-il lancé.
Malgré peu d'avancées concrètes, Volodymyr Zelensky a dit mercredi que Moscou "a fait savoir que ce week-end, samedi et dimanche, il serait en mesure de transférer 500 personnes", des militaires, et que l'Ukraine sera prête à faire de même, dans le cadre d'un nouvel échange de prisonniers de guerre.
Poutine dénonce des "actes terroristes" de l'Ukraine
Par ailleurs, Vladimir Poutine a accusé mercredi l'Ukraine d'avoir commandité les explosions ferroviaires dans deux régions de Russie le week-end dernier, estimant que ces attaques "terroristes" visaient à saborder les pourparlers russo-ukrainiens.
"Tous les crimes commis à l'encontre de civils, notamment des femmes et des enfants, à la veille d'une nouvelle séance de pourparlers de paix que nous avions proposée à Istanbul, évidemment, visent à perturber le processus de négociation", a déclaré le président russe lors d'une réunion diffusée à la télévision publique.
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Il s'agit des premières déclarations de Vladimir Poutine concernant ces explosions qui se sont produites dans la nuit de samedi à dimanche dans les régions russes de Koursk et de Briansk, frontalières de l'Ukraine.
Elles ont provoqué le déraillement d'un train de passagers, d'un train de marchandises et d'un train de contrôle, faisant sept morts et 113 blessés, dont des enfants, selon les enquêteurs.
"Ce sont évidemment des actes terroristes", a fustigé le dirigeant russe. "Qui mène des négociations avec ceux qui misent sur le terrorisme ?", a-t-il poursuivi, en référence aux difficiles tractions diplomatiques en cours entre Kiev et Moscou.

Il a une nouvelle fois accusé "le régime à Kiev" d'être "illégitime" et de se transformer "progressivement en organisation terroriste". Il a également réitéré la position officielle russe estimant qu'un cessez-le-feu inconditionnel, demandé par Kiev, ses alliés européens et Washington, permettrait à l'Ukraine de reprendre des forces.
"Pourquoi les récompenser en leur accordant une trêve des combats, qui sera utilisée pour fournir au régime des armements occidentaux, poursuivre leur mobilisation forcée et préparer d'autres attentats terroristes", a dit Vladimir Poutine.
Avec AFP