Guerre au Proche-Orient : à Gaza, cette mère de famille va d'hôpital en hôpital pour sauver sa fille malade

"Beaucoup de gens sont affamés" à Gaza. Le président américain Donald Trump a fait part de son inquiétude, vendredi 16 mai, à Abou Dhabi quant à la situation dans l'enclave, après 19 mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a exprimé jeudi son inquiétude, et s'est dit ouvert à toute nouvelle idée permettant d'acheminer de l'aide à Gaza, après qu'un plan soutenu par les Etats-Unis et Israël a été vivement critiqué. Plus aucune aide humanitaire n'est en effet entrée depuis le 2 mars dans le territoire palestinien, assistance pourtant vitale pour les 2,4 millions de Gazaouis qui y habitent.

Le risque de famine est "critique", selon  le constat de l’IPC, le cadre de classification de la sécurité alimentaire, instrument de référence utilisé dans le monde entier. Plus d'un million et demi de Gazaouis ont atteint les phases 4 et 5 de l’échelle mesurant les crises alimentaires, la phase 5 étant la plus élevée. La quinzaine d’ONG internationales et d'agences de l’ONU, qui ont établi ce rapport, préviennent que 22% de la population se trouve même dans une situation de "catastrophe", où la faim et la malnutrition représentent un risque mortel, notamment pour les nourrissons et les jeunes enfants.

"Elle souffre toujours"

Ces plus jeunes habitants font face à un quotidien inimaginable, comme la petite Had, 8 ans, que Rami Al Meghari a rencontré sur place pour franceinfo. Sa fièvre ne faiblit pas depuis plusieurs jours. Sa mère, Souha, court d'un médecin à un autre malgré les bombardements, comme ici à l'hôpital Al-Rantissi, dans la ville de Gaza. "Depuis juillet dernier, nous passons d'établissement en établissement. A Al-Rantissi, des docteurs lui ont administré des médicaments, dont un antibiotique puissant. Puis, on est rentrés chez nous. La fièvre est remontée à 40 degrés, alors on est revenus. Pendant 4 jours, j'ai essayé de faire baisser la température avec de l'eau froide, sans réussite. On lui a fait une analyse d'urine, on a changé son traitement. Elle souffre toujours à cause d'une infection urinaire très grave. Par moments, elle a très mal au ventre", décrit la mère de famille.

Dans l'enclave, les enfants ne mangent pas à leur faim. Il n'y a plus d'aliments sains ni de lait infantile pour les plus petits. Selon le docteur Ragheb Warchakha, leur système immunitaire n'est plus capable de répondre aux infections les plus bénignes. "Nous nous occupons ici des jeunes enfants. Leurs corps n'arrivent pas à se défendre et ils ont de gros problèmes de poids. La plupart des pathologies sont des infections graves à cause de la malnutrition. Et il arrive que des enfants meurent", se désole celui qui dirige le département de gastro-entérologie de l'hôpital. Qui précise : ils meurent parce que beaucoup d'entre eux sont pris en charge trop tard.

Sur les 36 hôpitaux de Gaza, seulement 21 fonctionnent pas encore partiellement.