EN DIRECT - Colère des agriculteurs : les tracteurs sont entrés dans Bruxelles

Marges abusives, concurrence «déloyale»... Ras-le-bol aussi chez les agriculteurs bio

«On est en train de crever», résume une agricultrice bio, symbole d'une filière en crise depuis plusieurs années, qui représente 14% des fermes françaises et pâtit des marges de la grande distribution ou de la concurrence «déloyale» des importations sans critères de qualité. L'AFP a recueilli des paroles d'exploitants engagés dans ces démarches environnementales et leur opinion sur les revendications du monde agricole, mobilisé en France et en Europe.

«C'est l'ensemble de l'agriculture qui se révolte. C'est un ras-le-bol général, tempête Aurore Sournac, 50 ans, maraîchère bio à Eysines (Gironde) qui approvisionne dix Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne). La presse fait beaucoup de tapage en disant que le bio est trop cher, mais elle ne va pas au fond du problème, à savoir la grande distribution qui prend trop de marge dessus. Et à côté de ça les agriculteurs crèvent.»

Dominique Gaborieau, 45 ans, céréalier dans la Vienne et lauréat 2022 du «Trophée de l'agroécologie» du ministère de l'Agriculture pointe quant à lui les «très lourdes démarches administrative au quotidien». «Pour moi c'est au moins huit heures par semaine. Plus on se certifie, plus on cumule d'administratif, en prétendant à des aides, à des labels.»

D’autres, comme Téo Boutrelle, 34 ans, maraîcher bio en Aveyron, dénoncent les «importations qui viennent déstructurer le marché, produites à bas coût social et environnemental». «Il faudrait instaurer des taxes à l'importation pour qu'il y ait un prix minimum d'entrée des produits dans le pays qui corresponde aux coûts de production français.»

Le convoi Agen-Paris va «plier bagage» à la demande des autorités

Le convoi d’agriculteurs parti d’Agen et arrivé aux abords du marché de Rungis hier soir va reprendre la route du sud. «Par la force des choses, le préfet du département nous a demandé de quitter les lieux ce matin, de partir vers chez nous. C’est un peu compréhensible alors que d’autres agriculteurs et syndicats remontent vers Paris», a déclaré ce jeudi matin sur BFMTV José Perez, co-président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne. Le convoi va être «escorté» jusqu’à l’autoroute A20 «direction le sud».

Toutefois, le convoi ne «partira pas» sans Karine Duc, co-présidente de l'antenne locale du syndicat, interpellé hier à Rungis et actuellement en garde à vue (comme 90 autres personnes) pour dégradation du bien d'autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien.

Emmanuel Macron à Bruxelles pour poursuivre le «bras de fer» sur l'accord Mercosur

Accaparé par son agenda international, Emmanuel Macron a jusqu'ici suivi de loin la grogne des campagnes, laissant Gabriel Attal en première ligne.

Cette fois, le président entre lui-même dans l'arène européenne, cruciale sur les questions agricoles. Il doit s'entretenir ce jeudi avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Avec notamment, en ligne de mire, le sujet brûlant du traité Mercosur, dont les éleveurs redoutent qu'il ouvre en grand les portes de l'Europe à la viande sud-américaine.

Sous pression des États membres, l'Union européenne tente d'apaiser la colère du monde agricole

Comme Le Figaro l'indiquait lundi, l'exécutif lâche du lest sur les mises en jachère. Et remise l'épouvantail du «4 %», une règle visant à protéger la biodiversité, mais synonyme de décroissance pour le monde agricole. Bruxelles a ainsi annoncé mardi une dérogation «partielle» aux dispositions inscrites dans la politique agricole commune (PAC).

Concernant les importations de produits agricoles provenant d'Ukraine, autre motif de la colère, l'exemption de droits de douane mise en place mi-2022 est bien prolongée d'un an, de juin 2024 à juin 2025. Mais un «frein d'urgence» est instauré pour les produits les plus sensibles qui inondent l'UE (volailles, œufs et sucre), avec droits de douane à la clé si les importations dépassent les niveaux moyens de 2022 et 2023.

Pour ce qui est des autres produits ukrainiens - dont les céréales -, des mesures de sauvegarde seront mises en œuvre par Bruxelles si les marchés d'un ou de plusieurs États membres sont perturbés par une forte augmentation des importations.

Les tracteurs sont entrés dans Bruxelles

Bonjour, et bienvenue sur ce direct consacré à la mobilisation des agriculteurs en France, mais aussi en Europe.

Malgré les concessions de Bruxelles, où se réunissent ce jeudi 1er février les dirigeants européens, la colère des agriculteurs dans l'Union européenne ne retombe pas, notamment en France où les blocages d'axes stratégiques doivent se poursuivre pour la quatrième journée consécutive.

Si la colère du monde agricole ne figure pas au menu officiel des discussions du sommet de Bruxelles, des tracteurs sont entrés dans Bruxelles et commencent à affluer à proximité du Parlement européen.

Retrouvez toutes les informations de la veille dans notre précédent direct.

Les publications apparaîtront ici