À Gaza, le soulagement est prudent depuis l'annonce d'un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Son entrée en vigueur vendredi 10 octobre, a eu comme première conséquence le retrait des forces israéliennes de certaines zones de la bande de Gaza, laissant la possibilité à des milliers de Gazaouis déplacés de retourner chez eux. Mais ils craignent que l'arrêt des attaques israéliennes ne dure pas.
"Je n'arrive toujours pas à croire qu'un cessez-le-feu puisse enfin avoir lieu", se réjouit Afnan qui vit sous une tente à Deir al-Balah, au centre de l’enclave palestinienne.
"Si Dieu le veut, le cessez-le-feu va durer. Nous avons tellement d'espoir. Même maintenant, c'est encore incroyable."
Afnanà franceinfo
Comme près d'un million de Palestiniens, elle a été déplacée du nord de Gaza ces dernières semaines. "Notre plus grande peur, c'est qu'ils rompent l'accord. Qu'après avoir repris leurs otages, ils nous disent 'au revoir !' et continuent comme avant. C'est ce que nous craignons sincèrement", raconte-t-elle.
Les Gazaouis n'ont pas oublié qu'Israël a rompu unilatéralement la dernière trêve en mars 2025, après deux mois de cessez-le-feu. "D'abord, il ne faut jamais faire confiance à l'ennemi et se méfier de sa ruse", souligne Mohammad. "J'ai très peur que les Israéliens ne violent l'accord et le cessez-le-feu. Nous l'avons déjà vu la dernière fois. Ils ont récupéré quelques otages. Ils ont brisé la trêve et repris la guerre."
En Cisjordanie, des Palestiniens heureux pour Gaza mais inquiets pour l'avenir
L'imam de la grande mosquée de Ramallah, en Cisjordanie, tient à parler de la trêve dans son prêche du vendredi, pour dénoncer l’ennemi : un cessez-le-feu a été annoncé, dit-il, grâce à Dieu et à sa puissance. Même s'ils ont conspiré pour effacer Gaza et déplacer sa population. Sameher, qui sort de la prière, se félicite de l'arrêt des combats : "C'est vraiment un jour spécial car, Dieu merci, ils ont arrêté de tirer à Gaza. Ils ont arrêté de tuer des enfants, des innocents. Les enfants seront enfin en sécurité. Ils pourront dormir en paix."
Mais sa fille Ghazal, visage souriant sous un voile bleu vif, intervient : "Non, je ne suis pas d'accord. Quand nous allons à l’école, l'armée est partout et elle tire. Et ces tirs ne vont pas cesser en Cisjordanie. Même si nous avons un cessez-le-feu à Gaza, il n'y a plus rien à Gaza. Je redoute que ce cessez-le-feu ne dure pas."
"Je suis heureux… mais avec un peu de peur : nous avons l’expérience de tant de cessez-le-feu, que ce gouvernement terroriste a brisés."
Nasser, ancien prisonnier palestinien en Israëlà franceinfo
Cette prudence, nourrie par l'expérience de décennies d'échecs et de violences, est vraiment le sentiment dominant à Ramallah. Chemise blanche et petites lunettes cerclées, Muhamad regarde aussi vers Washington : "Comme tous les Palestiniens, je n'ai pas confiance dans la durée de ce cessez-le-feu parce que la condition pour qu'il soit né c'était que Trump voulait le Nobel. Et il ne l'a pas eu. Maintenant comment va-t-il se comporter ? Parce qu’il change souvent d'avis, chaque jour. Ce n'est que dans plusieurs jours que nous pourrons savoir si c'est un jour spécial."
Un jour spécial pour Gaza, ajoutent aussi nombre de Palestiniens, parce qu'en Cisjordanie occupée les violences des colons n'ont pas baissé d’intensité.