Finales NBA : Shai Gilgeous-Alexander et Tyrese Haliburton s’offrent un dernier duel pour le titre

Les Indiana Pacers ont écrasé, jeudi 19 juin, à domicile le Thunder d'Oklahoma City (108-91), envoyant les deux formations vers un décisif match 7 lors des finales NBA.

Les deux équipes, qui n'ont jamais remporté le titre dans leur histoire, devront passer par un dernier match à l'enjeu immense qui s'annonce électrique dimanche en Oklahoma. La finale NBA n'avait plus été au bout de sept rencontres depuis 2016, lorsque les Cleveland Cavaliers de LeBron James avaient renversé les Golden State Warriors de Stephen Curry.

Si certains passionnés de la ligue nord-américaine de basket avaient regretté l'affiche de cette finale entre deux clubs sans palmarès et moins emblématiques que les Lakers de Los Angeles ou les Celtics de Boston, les deux franchises ont jusqu'ici offert un grand spectacle et surtout ce qui se fait de mieux dans le monde de la balle orange: une finale à suspense. 

Pour faire le show, les Indiana Pacers et le Thunder d'Oklahoma City ont pu compter sur leurs deux stars respectives, l'Américain Tyrese Haliburton et le Canadien Shai Gilgeous-Alexander, qui sont au rendez-vous de ces finales.

 

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Tyrese Haliburton, "un soldat"

Le meneur des Pacers Tyrese Haliburton a pourtant failli manquer le match 6. Victime d'une élongation au niveau du mollet droit lors de la rencontre précédente, il n'a été déclaré apte à jouer qu'à deux heures du coup d'envoi, et a eu du mal à rentrer dans son match.

Une fois bien installé, il a été diabolique avec des paniers très lointains (3 sur 7) ou une passe aveugle sublime pour envoyer Pascal Siakam écraser un dunk par-dessus Jalen Williams, donnant 20 points d'avance aux locaux lors du deuxième quart-temps.

"Je voulais être là-bas pour jouer avec mes frères", a déclaré Haliburton après la rencontre comme le rapporte Sports Illustrated. "Ce sont des gars avec qui je suis prêt à aller à la guerre et nous avons eu une année tellement spéciale, et nous avons un lien spécial en tant que groupe. Je pense que je m'en serais tellement voulu si je n'avais pas tenté le coup". 

Son coéquipier Obi Toppin a abondé dans le même sens: "Il nous a mené à la victoire. C'est un soldat. Il ne va pas laisser une petite blessure l’empêcher de jouer en finale et d’aider cette équipe à gagner. Il nous a aidés à en arriver là, et il va continuer jusqu’à ce qu’il n'en puisse plus". Tout comme Pascal Siakam. "C'est un garçon coriace", a-t-il souligné auprès du New York Times. "Je n'avais aucun doute sur sa présence sur le terrain. Cela prouve qu'il est l'un des leaders de l'équipe et qu'il fait tout son possible pour être à nos côtés, et nous lui en sommes reconnaissants."

Il y a encore quelques jours Tyrese Haliburton était pourtant décrié. En raison de sa blessure au mollet, le joueur a complètement manqué le match 5, perdu 120-109 par son équipe, incapable de marquer un seul panier. "Je pense que chaque expérience que vous vivez en tant qu’athlète est une leçon", a-t-il ainsi analysé. "Vous pouvez apprendre de tout, apprendre des victoires, apprendre des défaites et toutes ces choses sont importantes".

A 25 ans, ce joueur originaire du Wisconsin est le visage de son équipe. Drafté en 2020 en 12e place par les Kings de Sacramento, il est arrivé aux Pacers de l'Indiana en 2022 dans le cadre d'un échange contre Domantas Sabonis, l'ancienne star de l'équipe. 

Le président des Pacers Kevin Pritchard avait alors déclaré que l'équipe comptait s'appuyer sur Haliburton pour en faire sa pièce maîtresse à long terme. Nommé à deux reprises au All Star Game, le meneur de 1,96 m et 84 kg a répondu à ces attentes. Il a réussi cette année à mener son club jusqu'en finale NBA, une première depuis 2000, lorsque l'équipe portée à l'époque par Reggie Miller, avait été battue par les Los Angeles Lakers de Shaquille O'Neal et Kobe Bryant.

Pourtant, son parcours n'a pas été des plus simples. "Il y a seulement dix ans, alors qu'il était en première année de lycée, il a été écarté de son équipe locale de l'AAU du Wisconsin, car, comme il le raconte, il n'était pas assez bon. Il y a six ans seulement, il est arrivé comme une recrue discrète dans une université discrète. Quatre ans après, il a été sélectionné à la dernière minute par les Sacramento Kings, qui l'ont transféré aux Pacers deux ans plus tard", avait résumé le magazine GQ l'été dernier alors qu'il avait participé aux JO de Paris avec la sélection américaine, récompensée par l'or olympique.

Avant le début des finales contre Oklahoma, la plupart des observateurs donnait son équipe perdante. Le leader des Pacers a pourtant montré qu'il pouvait résister au Thunder et qu'il n'avait rien d'un outsider. La gestion de sa blessure sera l'une des clés du match décisif de dimanche. À l'approche du match de sa vie, Tyler Haliburton sait que les compteurs sont remis à zéro : "En tant que fan de basket, il n’y a rien de mieux qu’un match 7. J’ai rêvé de cette situation toute ma vie donc c’est vraiment enthousiasmant pour moi et notre groupe. Ce qui est arrivé dans le passé ne compte pas. Ce qui est arrivé aujourd’hui ne compte pas. Il s’agit d’un seul match".

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Shai Gilgeous-Alexander, "le meilleur joueur sur le parquet"

Dans les rangs adverses, le meneur Shai Gilgeous-Alexander est lui aussi conscient de l'enjeu de la rencontre de dimanche : "C’est un match pour obtenir tout ce dont vous avez toujours rêvé. Si vous gagnez, vous obtenez quelque chose. Si vous perdez, vous n’avez rien. Alors allons chercher quelque chose", a-t-il expliqué après la défaite contre Indiana.

En conférence de presse, le joueur canadien n'a pas caché sa déception alors que son équipe qui menait la série (3-2) avait l'occasion de remporter le titre. "À mon avis, on a été nuls ce soir. On peut en tirer des leçons", a estimé le joueur qui a terminé le match avec 21 points et seulement deux passes décisives. "Je pense que c’était dû à l’inattention, au manque de concentration, d’engagement. Ils ont aussi joué plus dur que nous ce soir", a ajouté le meneur qui a aussi enregistré huit pertes de balles.

Fraîchement élu MVP de la saison de NBA (meilleur joueur), Shai Gilgeous-Alexander était déjà promis au titre il y a encore quelques semaines. Avec des statistiques offensives exceptionnelles en saison régulière (32,7 points par match, N.1 en NBA, 5 rebonds et 6,4 passes en moyenne), grâce à un jeu explosif fait de démarrages et de ralentissements soudains, suivis d'un lay-up ou d'un tir à mi-distance précis, il a porté le Thunder au meilleur bilan de la ligue (68 victoires - 14 défaites).

Le meneur âgé de 26 ans, originaire d'Hamilton dans l'Ontario, a ensuite parfaitement enchaîné lors de la phase finale, avec un succès autoritaire contre Memphis (4-0), une victoire pénible contre Denver et Nikola Jokic au 2e tour (4-3), puis un triomphe en finale de conférence Ouest contre Minnesota (4-1).

Avant d'arriver au sommet de son art cette année en finale NBA, "SGA" avait goûté à l'amère déception d'une défaite au 2e tour l'an passé, contre Dallas (4-2), alors que le Thunder affichait déjà le meilleur bilan de la conférence. Lors du 6e match, le Canadien s'était rendu coupable d'une faute sur PJ Washington alors qu'il ne restait que deux secondes à jouer et que le Thunder menait d'un point, envoyant l'ailier sur la ligne des lancers francs et Dallas en finale de conférence.

 "C'est ce genre de moments qui forge les champions", a-t-il estimé dans le documentaire NBA "Pass the rock" ("Passer la balle"). "Dans mon esprit, je me dis tous les soirs que je suis le meilleur joueur sur le parquet, et que je veux que tout le monde le sente. Je cherche l'équilibre entre le respect pour l'adversaire et le fait de n'avoir peur de personne. C'est comme cela que tu deviens un LeBron (James), un Kobe (Bryant), un Michael Jordan", a-t-il révélé à propos de son état d'esprit.

Grâce à sa force de caractère, le Thunder joue sa deuxième finale après celle perdue en 2012 face au Miami Heat. En cas de victoire, il rentrerait dans l'histoire aux côtés de légende de la NBA.  Curieusement, avant Gilgeous-Alexander, seuls LeBron James, Michael Jordan, Larry Bird, Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson ou encore Tim Duncan ont remporté le titre alors qu'ils étaient MVP de la saison régulière. Comme l'explique le site de CBC, "cela illustre la difficulté, dans la NBA moderne, de jouer au niveau de MVP tout au long d'une saison régulière épuisante de 82 matchs tout en conservant suffisamment de réserves pour mener son équipe à travers les deux mois de playoffs". 

Shai Gilgeous-Alexander n'a en tout cas qu'un objectif en tête : "La victoire est la seule chose qui compte. Ce rêve n'a pas été réalisé. Nous n'avons rien accompli".

Avec AFP