La crise politique se durcit à Madagascar. La présidence du pays a dénoncé, mardi 14 octobre, une "tentative de coup d'Etat" après l'annonce par les militaires d'une prise de pouvoir, assurant que le président Andry Rajoelina, destitué par un vote de l'Assemblée nationale, "demeure pleinement en fonction". "La République de Madagascar ne saurait être prise en otage par la force", a affirmé dans un communiqué la présidence, alors que la localisation du président, réfugié dans un "lieu sûr", est tenue secrète.
Plus tôt, l'unité militaire ralliée au mouvement de contestation avait annoncé "prendre le pouvoir" et suspendre la Constitution. "On va prendre le pouvoir à partir d'aujourd'hui et on dissout le Sénat et la Haute Cour constitutionnelle. L'Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler", a déclaré mardi après-midi le colonel Michael Randrianirina, lors d'une allocution devant le palais présidentiel.
La Haute cour constitutionnelle confirme la "vacance" du poste de président
Des scènes de fête et concerts ont suivi cette annonce sur la place du 13-mai. Les drapeaux malgaches et chants de célébration ont envahi ce lieu symbolique, baptisé en hommage aux tués d'un soulèvement populaire en 1972 ayant conduit au départ du premier président. De son côté, la Haute cour constitutionnelle, ayant constaté la "vacance" du poste de président, a "invité l'autorité militaire compétente incarnée par le colonel Randrianirina Michaël, à exercer les fonctions de chef de l'Etat".
Contesté dans la rue depuis plusieurs semaines et reclus dans un lieu inconnu, Andry Rajoelina, qui avait dissous un peu plus tôt mardi l'Assemblée, a dénoncé durant le vote le destituant une "réunion (...) dépourvue de toute base légale". Exfiltré par un avion militaire français dimanche d'après la radio française RFI, il avait accédé au pouvoir pour la première fois en 2009, désigné par les militaires après un soulèvement populaire. "Je ne confirme rien aujourd'hui", avait déclaré Emmanuel Macron lundi.
Par ailleurs, Air France a annoncé prolonger la suspension de ses liaisons entre l'aéroport Paris-Charles de Gaulle et Antananarivo au moins jusqu'à vendredi inclus "en raison de la situation sécuritaire à destination". "La reprise des opérations restera soumise à une évaluation quotidienne de la situation sur place", a ajouté la compagnie aérienne française dans un message transmis à l'AFP.