Guerre à Gaza : "La plupart des gens seront privés d'aide", alertent des humanitaires face au nouveau système de distribution d'aide présenté par Israël

Israël va-t-il mettre fin au blocus humanitaire à Gaza ? Alors que depuis plus de deux mois, rien ne rentre dans l'enclave, le gouvernement israélien a décidé dans la nuit du dimanche 4 au lundi 5 mai, d'intensifier l'offensive militaire sur Gaza, tout en validant également le principe d'un nouveau système de distribution de l'aide humanitaire.

L'objectif, selon l'armée israélienne, est d'empêcher le Hamas et d'autres groupes armés de s'approprier des denrées gratuites, puis de les revendre. Les agences de l'ONU sur place et les ONG ont refusé de participer à une telle opération qu'ils dénoncent avec force.

"Beaucoup de gens ne mangent plus"

Israël sous-entend par exemple qu'il y a encore assez de nourriture à Gaza, pour nourrir les quelque 2,4 millions de Palestiniens sur place. Faux, rétorque Olga Cherevko, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, qui vit depuis plusieurs semaines dans le centre de la ville de Gaza.

"Beaucoup de gens ne mangent plus et tout cela se passe alors que des affrontements sont en cours. C'est l'insécurité à tous les niveaux ici à Gaza", témoigne-t-elle au micro de franceinfo.

"Gaza est aujourd'hui au bord de l'effondrement."

Olga Cherevko

à franceinfo

Olga Cherevko, comme tous les acteurs humanitaires de Gaza, a été informée directement du plan de l'Etat hébreu de distribution de l'aide. Il y aurait ainsi des points d'approvisionnement fixes. Des entreprises américaines, protégées par des soldats israéliens, seront chargées de fournir des denrées en quantité limitée à des habitants triés sur le volet. "La plupart des gens seront privés d'aide parce qu'ils devront se déplacer dans une zone militaire. Ils n'iront pas parce qu'ils risqueront d'être agressés ou tués par l'armée israélienne", argue Loai Nasser, qui dirige à Gaza l'ONG française Super-Novae.

Selon le principe du droit humanitaire international, les acteurs en charge de l'aide ont une obligation de neutralité et ne doivent donc en aucun cas être engagés dans le conflit.