Plus 45 minutes en 10 ans : le temps d’attente aux urgences ne cesse d’augmenter, selon une étude

Près de deux ans après la promesse d’Emmanuel Macron, de « désengorger les urgences » d’ici fin 2024, – utilisant alors un terme douteux de plomberie -, le bilan est catastrophique. En dix ans, la durée médiane des séjours, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’enregistrement à l’accueil et la sortie, a augmenté de 45 minutes, selon le baromètre de la Drees (direction statistique des ministères sociaux) de ce mercredi 19 mars.

Ce qui signifie que la moitié des patients passés par un service d’urgences en 2023 y ont séjourné plus de 3 heures, contre 2 heures et 15 minutes en 2013, selon cette étude. Fait inquiétant, les personnes âgées de plus de 75 ans sont particulièrement concernées par ces temps de passage à rallonge. Ainsi, 36 % d’entre elles y sont restées plus de 8 heures, contre 15 % pour la population générale.

Le baromètre est construit à partir de l’étude d’une journée ordinaire dans les 719 services d’urgences en France (en l’occurrence pour 2023 le mardi 13 juin), de 08 heures le matin à 08 heures le lendemain matin, rapportée à une journée ordinaire dix ans avant. Dans l’ensemble, « la durée de passage aux urgences varie fortement selon les parcours des patients, mais la hausse est générale », a indiqué la Drees dans un communiqué. Lors de la publication des premiers résultats de l’enquête en juillet 2024, la Drees soulignait déjà le « manque récurrent de personnel par rapport à l’afflux des patients ».

Une baisse de l’hospitalisation à la sortie des urgences

En outre, l’étude montre une nette augmentation des personnes venant aux urgences faute de rendez-vous ailleurs. 21 % des patients ont mentionné ce type de problème pour expliquer leur venue en 2023, contre 13 % en 2013.

Pour les quelque 80 % des patients rentrés chez eux à l’issue de leur passage, la durée médiane était de plus de 2 h 30, soit 40 minutes de plus qu’en 2013. Pour les 11 % de patients qui sont allés directement des urgences dans un autre service, le temps de passage médian était de 5 heures 20, soit 1 heure et 25 minutes de plus qu’en 2013. Et pour les 5 % de patients passés par une unité d’hospitalisation de courte durée rattachée aux Urgences (UHCD), la durée médiane est passée à 14 h 50, soit 2 heures 20 minutes de plus qu’en 2013.

Par ailleurs l’étude note également que « l’hospitalisation à la sortie des urgences a baissé, en nombre et en proportion de patients ». En effet, « 20 % des patients sont passés en UHCD ou ont été hospitalisés dans un autre service en 2023, contre 23 % en 2013 », ajoute-t-elle.

Cette baisse constatée peut être motivée par plusieurs facteurs, note la Drees, qui évoque « des modifications de pratiques médicales, des différences de l’état de santé des patients, ou la moindre disponibilité de lits à la suite de la baisse continue de la capacité d’hospitalisation complète des établissements de santé ». « En dix ans, le nombre de lits d’hospitalisation complète a en effet décru de 11 %, soit 43 000 lits en moins », rappelle la Drees.

Dans nos colonnes, le professeur Louis Soulat, vice-président du syndicat Samu-Urgences de France alertait déjà à la fin de l’année 2024 : « On a fermé trop de lits. On n’a pas assez de personnel. » Il avertissait également sur le manque de prise en compte du « vieillissement de la population, qui se traduit par des patients qui embolisent les services. »

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