« Je ne savais pas si mon fils était blessé, arrêté, ou tué » : à Shehba, la double peine des familles kurdes à la recherche de leurs proches disparus

Tabka, Raqqa (Syrie), correspondance particulière

Un grésillement métallique jaillit des haut-parleurs. Les noms, égrenés un à un, s’éparpillent sur la plaine qui accueille les tentes blanches du camp de Tabka. Des dizaines de milliers de déplacés kurdes du canton de Shehba ont trouvé refuge dans la périphérie de cette ville syrienne nichée sur les rives du lac el-Assad. Ils ont fui, début décembre, les exactions de l’Armée nationale syrienne (ANS), une milice soutenue par la Turquie.

À chaque appel, le cœur d’Humida Chonou se fige un bref instant. Depuis son départ précipité, le 1er décembre, elle est sans nouvelles de son fils et de son mari. Selon les estimations d’un comité pour les personnes disparues constitué au sein du camp, elles seraient plus de 3 000 à manquer à l’appel, évaporées dans la débâcle. Alors, de temps à autre et au fil des arrivées, les autorités de Tabka répètent les noms des disparus de Shehba.

Son fils et son mari n’arriveront plus

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