TEMOIGNAGE. "Elle a vu le sang et la mort" : le père de la petite Emily Hand, prise en otage par le Hamas puis libérée, se bat pour lui rendre sa vie d'avant

En Israël, la libération de trois nouveaux otages à Gaza est attendue samedi 1er février. Enlevés le 7 octobre 2023, le Franco-Israélien Ofer Kalderon, l’Américano-Israélien Keith Siegel et l’Israélien Yarden Bibas doivent retrouver la liberté. Yarden Bibas, père de famille de 35 ans, doit quitter Gaza samedi sans sa femme Shiri et ses deux enfants, les petits Ariel et Kfir, dont le sort est incertain

Une situation éprouvante, suivie de très près par toutes les familles d’otages, et en particulier par le père d'Emily Hand, 10 ans. La petite fille avait été enlevée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le kibboutz de Beeri, le long de la bande de Gaza, avant d’être relâchée 50 jours plus tard. Tom Hand se bat aujourd’hui pour lui faire retrouver un semblant de normalité. Comme les trois quarts du millier d’habitants du kibboutz de Beeri, ravagé le 7-Octobre, Tom Hand et sa fille sont désormais logés dans des préfabriqués à Hatzerim, autre village communautaire, en plein désert du Néguev, dans le sud d'Israël. 

C’est ici qu’Emily, qui ne s’exprime plus devant les journalistes, a retrouvé ses amis, "même si elle fait encore des cauchemars". Photo d’elle entre les mains, son père assure que plus rien ne sera comme avant. "C’est elle, avant l’enlèvement. Vous voyez ces petites joues potelées de petite fille de 8 ans ? Terminé. Elle ne les aura plus jamais. Elle a vu des gens qu’elle connaissait morts sur le bord de la route. Elle a vu le sang et la mort. Elle a tout vu." Pendant 30 jours, Tom Hand pense sa fille morte. À tort. "Elle est revenue dans un état lamentable, mais cela n'a duré que 50 jours. Heureusement, ils ne l'ont pas molestée, ni touchée. Ce qui est arrivé à d’autres."

"C'est comme un retour en arrière"

Et à chaque nouvelle libération, cet Irlandais, qui a perdu sa compagne, la belle-mère d’Emily, le 7-Octobre, a le sentiment de revivre ces journées de cauchemar. "C’est comme un retour en arrière. Ça nous rappelle exactement ce que nous avons vécu et ce que ces parents traversent." 

"Parce que jusqu’à la dernière seconde, quand votre proche vous est physiquement remis, vous ne savez pas ce qui va se passer !"

Tom Hand, père de la petite Emily

à franceinfo

Les otages libérés auront trois vies, dit-il, celles d’avant, pendant, et après. "Ce qu’on essaie de faire, c’est de reconnecter la nouvelle vie d’Emily à celle d’avant. C’est comme un pont qu’on enjambe. On essaie d’ignorer ce qui s’est passé entre les deux. Ce sont les psychiatres qui se chargent de ce qu’il y a au milieu." Sur les murs de la maison : des ballons multicolores, qui datent du mois de novembre, quand Emily a fêté ses 10 ans. Un anniversaire gigantesque. La petite fille, dit son père, veut désormais garder une trace de chaque moment heureux.