La suppression de l'abattement fiscal des retraités en question pour renflouer les caisses de l'État

Le débat sur les retraites se poursuit, fin mars, et l'abattement fiscal des 10% pour les retraités pourrait disparaître. Depuis 1978, les retraités bénéficient automatiquement d'un abattement fiscal de 10% sur leur pension, censé compenser les frais professionnels. Mais, à la différence des salariés, ils n'engagent plus de frais liés à une activité professionnelle. À un moment où l'État cherche de l'argent pour renflouer ses caisses, ces 10% d'abattement fiscal viennent sur la table. Un des premiers à en avoir parlé, c'est Gilbert Cette, économiste, président du Conseil d'orientation des retraités et réputé proche d'Emmanuel Macron. Début janvier 2025, il s'est dit favorable, à titre personnel, à ce que l'on mette fin à cet abattement. Patrick Martin, le président du Medef l'a suivi.

La fin de cet abattement rapporterait entre quatre et cinq milliards d'euros par an, ce qui est beaucoup quand on sait que selon la Cour des comptes, il faudrait trouver 15 milliards d'euros d'ici dix ans pour combler le déficit. Cette mesure présente l'avantage de préserver de facto les retraités les plus modestes et de ne toucher que les plus aisés, c'est-à-dire ceux qui paient l'impôt.

Divergences syndicales et enjeux intergénérationnels

Concernant les syndicats, la CGT est contre, il n'est pas question de toucher à la pension de ceux qui ont travaillé toute leur vie. En revanche, la CFDT ou encore la CTFC se montrent plus ouvertes. Selon elles, l'option se regarde, mais dans un ensemble, c'est-à-dire à condition qu'un effort soit demandé aux actifs comme aux retraités et comme aux entreprises. Si on s'attaque aux retraités, il faut absolument que les entreprises mettent aussi la main à la poche.

Ce sujet pourrait entrer dans les discussions du conclave sur les retraites puisque les partenaires sociaux sont censés chercher des aménagements à la réforme de 2023, sans creuser le déficit. À la CFDT, Marylise Léon, secrétaire générale, voit monter un conflit entre les générations. Elle estime qu'il faut y être attentif, notamment au niveau de la cohésion sociale. Ce constat est partagé par le patronat, un consensus semble donc se dessiner.

Enfin, patronat comme syndicats savent que les élus ont du mal à aller sur ce sujet,car les retraités sont les électeurs. Ce serait une façon, pour eux, de se démarquer des politiques, ce qu'ils cherchent ardemment à faire en ce moment.