Le « conclave » sur les retraites perturbé par des bruits de bottes
Faire payer l’augmentation des budgets militaires par notre modèle social ? Ce questionnement baroque pollue la tenue du « conclave » consacré à l’abrogation des 64 ans, dont la troisième séance de négociations a lieu ce jeudi 13 mars, depuis qu’Emmanuel Macron a appelé à réinvestir massivement dans nos capacités de défense face à la menace que constitue la Russie, selon le chef de l’État.
La polémique est venue de Gilbert Cette. Le président du Conseil d’orientation des retraites s’exprimait le 5 mars en tant qu’économiste dans un article publié par le site Telos.eu. « L’entrée progressive, plus ou moins explicite, dans une économie de guerre, rendra secondaires sinon dérisoires les débats actuels sur l’âge légal à 64 ans, estimait-il. La question deviendra plutôt (…) comment augmenter rapidement cet (âge) au-delà des 64 ans », faisant sienne la théorie libérale selon laquelle le régime des retraites souffre d’un sous-financement dû à un moindre taux d’emploi en France par rapport à ses voisins européens, insuffisant surtout chez les jeunes et les seniors.
« Travailler une heure de plus »
Côté patronal, l’idée de travailler plus pour financer l’« effort de guerre » fait aussi son chemin. « Notre proposition de travailler une heure de plus par semaine (pour financer les retraites – NDLR) entre en résonance avec le nécessaire effort de défense », suggère Éric Chevée, négociateur du syndicat patronal CPME.
« Nous n’avons pas à sacrifier les retraites pour des dépenses militaires »
Denis Gravouil, négociateur de la CGT
« Il y a toujours une bonne raison pour s’attaquer aux retraites. (…) Mais nous n’avons pas à (les) sacrifier pour des dépenses militaires », a rétorqué jeudi dernier Denis Gravouil. Ce mercredi, le négociateur de la CGT au conclave a déploré auprès de « l’Humanité » ce tournant martial : « Au départ, nous devions examiner les conditions de l’abrogation des 64 ans. Puis le premier ministre nous a demandé de voir comment améliorer les comptes en déficits. Aujourd’hui, on nous parle de financer l’effort de guerre. Mais le vrai problème, c’est les 64 ans. Ce sont tous ces travailleurs qui ne parviendront pas à l’âge de départ à cause de la pénibilité de leur métier. »
« On ne va pas choisir entre le canon et les allocations »
« On ne va pas choisir entre le canon et les allocations », avait réagi lundi 10 mars Marylise Léon, renvoyant la question du financement du réarmement prôné par Emmanuel Macron à l’impôt, « le ciment de la cohésion sociale », dans le cadre d’une conférence des finances publiques. « On l’avait demandé déjà pour le budget 2025, il faut pouvoir avoir autour de la table l’ensemble des parties prenantes pour évoquer ces questions économiques, ces questions budgétaires », a précisé la secrétaire générale CFDT.
Dans un communiqué publié lundi dernier, l’Unsa juge « crucial pour la France de renforcer ses capacités de défense ». Mais « cette priorité ne peut en aucun cas se faire au détriment de notre modèle social. Il représente la pierre angulaire de notre démocratie. S’il y a un effort à fournir, ce n’est pas en écornant notre modèle social que cet effort sera largement accepté. C’est bien la défense de ce modèle social et des valeurs qui sont les nôtres qui nous unit et nous mobilise pleinement ».
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