Retraites : Gilbert Cette, l’économiste qui tente de faire du COR un outil au service des macronistes
Pour qui roule le Conseil d’orientation des retraites (COR) ? Cette instance chargée de fournir des projections chiffrées sur l’avenir du régime se retrouve au cœur du débat, alors que le premier ministre a chargé les « partenaires sociaux » de renégocier la réforme des retraites et que la question du déficit hante le débat politique. Le président du COR, l’économiste Gilbert Cette 1, est accusé de mener une croisade idéologique en s’abritant derrière l’étendard de l’organisme.
Pour comprendre les enjeux de la situation, un bref retour en arrière s’impose. En octobre 2023, une révocation-sanction fait grand bruit : Pierre-Louis Bras, alors président du COR, est « débarqué » sans ménagement par la première ministre, Élisabeth Borne. Lors de son entrevue avec le directeur de cabinet de Borne, ce dernier lui explique qu’il s’agit d’un renouvellement légitime, après près de neuf années de mandat.
Libéral revendiqué et macroniste de cœur
En réalité, tout le monde sait que Bras paie son indépendance d’esprit, en pleine réforme des retraites. « Ce qui a beaucoup déplu au pouvoir, c’est son audition de janvier 2023 à l’Assemblée nationale, se souvient un haut fonctionnaire. Il avait notamment expliqué que le déficit du régime des retraites était lié, non pas à un dérapage des dépenses, mais plutôt à une baisse des recettes. Cela ne cadrait pas avec la vision catastrophiste portée par les macronistes, qui soutenaient que c’était « la réforme ou la faillite ». »
Sitôt débarqué, Pierre-Louis Bras est remplacé par l’économiste Gilbert Cette. Universitaire bardé de récompenses et libéral revendiqué, Cette a notamment piloté le comité des experts sur le Smic, où il s’est signalé par son aversion pour le salaire minimum.