REPORTAGE. "Nous nous levons pour ce qui nous semble juste" : à Los Angeles, ces habitants espèrent voir "la résistance" à Trump gagner tout le pays

À Los Angeles, épicentre de la lutte contre les expulsions de migrants décidées par Donald Trump, les manifestations se poursuivent. Certes avec moins d'intensité et de débordements, ces dernières heures, mais le face-à-face continue avec les forces de l'ordre, mercredi 11 juin, et notamment la garde nationale envoyée sur place par le président américain.

De bon matin, sur la plage de Santa Monica, à quelques kilomètres du centre de Los Angeles, les promeneurs et les joggeurs déambulent. "C'est très triste ce qu'il se passe, c'est très triste d'avoir des soldats ici, déplore Mary, une habitante de 60 ans. Mais je me sens totalement en sécurité, on est loin de tout ça heureusement. C'est très calme ici, paisible, un jour très normal. On n'est pas en guerre !" "Nos policiers pourraient facilement gérer tout ça, ajoute Mary. Mais je suis d'accord avec les manifestants. Les gens qui manifestent, pour la plupart, veulent défendre leur famille ou leurs voisins. Ici, nous nous levons pour ce qui nous semble juste."

"Il y a une bonne façon d'appliquer les lois sur l'immigration, mais ce qui se passe en ce moment ne va pas dans le bon sens. Et Trump ne cherche qu'à punir les démocrates à Los Angeles et en Californie, en général. Vire les troupes de L.A. et laisse le gouverneur et la maire faire leur boulot !"

Mary, habitante de Los Angeles

à franceinfo

Sur le Hollywood Boulevard, avec les étoiles des stars incrustées sur le trottoir, de nombreux vendeurs latinos tiennent habituellement des stands. Mais la plupart ont disparu ces dernières semaines par crainte de la police de l'immigration. Tomas, vendeur de fruits sur Hollywood Boulevard, a décidé de rester. Cet homme de 40 ans vient du Guatemala, ses papiers sont en règle : "Quatre de mes amis ont déjà été expulsés. Ils ont des enfants ici, ils laissent leur famille derrière eux. Nous ne sommes pas tous des criminels contrairement à ce qu'ils disent. On est des travailleurs à la recherche d'un meilleur avenir pour nos proches. On n'a rien fait de mal ! On travaille honorablement."

Selon lui, avant, Los Angeles était un sanctuaire où les expulsions étaient rares, mais c'est terminé. Alors, il veut croire "que la résistance qui s'organise ici va payer, pour contrer la politique de Donald Trump".

Céleste, 18 ans, et sa pancarte mentionnant le préambule de la Constitution des Etats-Unis, juin 2025. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Céleste, 18 ans, et sa pancarte mentionnant le préambule de la Constitution des Etats-Unis, juin 2025. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

À bonne distance de là, il y a le centre-ville de Los Angeles, où l'atmosphère reste anxiogène. Les hélicoptères sont toujours là dans le ciel ainsi que les forces de l'ordre déployées en protection des bâtiments officiels.

Devant un barrage de policiers, Celeste, une étudiante de 18 ans, tient fermement une pancarte sur laquelle elle a écrit : "We, the people", le préambule de la Constitution des Etats-Unis. "Oui, il y a des troubles", dit Celeste. Et dans tous les Etats, autres que la Californie, qui tentent de lutter pour défendre les immigrés, elle espère qu'on observe, qu'on s'inspire de la lutte menée à Los Angeles. Alors, "nous pouvons vraiment devenir des Etats-Unis", conclut la jeune femme.