À Haïti, «Barbecue», «Izo» et «Ti Blanc» font régner la loi des gangs sur une ville en ruine

Le blindé démarre en trombe, passe devant le Palais national, ravagé par le séisme de 2010, avant de quitter rapidement le Champ-de-Mars, centre historique de Port-au-Prince. À l'intérieur, cinq policiers aux visages couverts par des cagoules, yeux plissés, s'apprêtent à traverser les artères du quartier de Martissant, semblables à une zone de guerre. Au milieu de ce champ de ruines, quelques civils marchent d'un pas pressé, ignorés par les policiers. Ils cherchent des membres du gang Cinq Secondes, l'un des plus puissants du pays, tenu par « Izo ». Chaque silhouette ou comportement suspects donnent lieu à des tirs en rafale. Le char est visé à plusieurs reprises par les hommes d'« Izo », qui a bâti fortune et célébrité grâce aux kidnappings, vols à main armées et au trafic de drogue, tandis qu'une ombre non identifiée, touchée, tombe d'un coup de sa moto, au loin.