Un enfant de 12 ans présenté à un juge pour apologie d'actes de terrorisme
Un jeune adolescent de 12 ans et demi est entendu par un juge des enfants ce mercredi 21 août à Montbéliard, dans le Doubs, pour «apologie» d’actes de terrorisme et «provocation directe à un acte terroriste», a déclaré Paul-Edouard Lallois, le procureur de la République, au Figaro. Le garçon avait été interpellé le 10 juin dernier après un signalement de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), avait à l’époque annoncé le magistrat en conférence de presse.
L’adolescent, qui a fait l'objet d'un placement sous mesure judiciaire éducative provisoire, habitait à Sochaux (Doubs). Ses parents sont séparés et il vivait chez sa mère avec le reste de la fratrie. Enfant discret, renfermé sur lui-même, il n'avait pas fait parler de lui dans son établissement scolaire ni à l'extérieur, mais son activité sur internet avait attiré l'attention des enquêteurs.
Intérêt «manifeste» pour les «explosifs»
Au cours d'une conférence de presse en juin dernier, le procureur de Montbéliard avait évoqué «une activité sur internet, sur plusieurs réseaux sociaux, sur des plateformes de jeux vidéo en ligne, montrant un intérêt avéré, manifeste, de ce mineur pour des contenus à tendance religieuse radicale », avec notamment des vidéos de tueries. L'enquête avait aussi «permis de mettre en évidence un intérêt accru sur les explosifs, les armes en général». «Le fil conducteur de toutes ces publications c'est véritablement l'islamisme radical », avait ajouté Paul-Edouard Lallois.
Le magistrat s’était dit «sidéré» par certains contenus consultés par le jeune garçon, qui avait reconnu les faits. «Ce qui est sans doute le plus notable c'est l'extrême jeunesse de cet enfant», a poursuivi le procureur. «J'avais (...) face à moi un enfant, qui a beaucoup pleuré et sur lequel se posent un certain nombre de questions quant à sa véritable compréhension de ce qu'il pouvait consulter et de ce qu'il pouvait écrire à travers ses plateformes de jeux vidéo en ligne, ses réseaux sociaux ou ses messageries cryptées.»
La mère et son compagnon mis hors de cause
Les conclusions provisoires d'un expert psychiatre avaient décelé une altération du discernement du garçon. Étant donné son jeune âge, il ne pouvait pas être placé sous contrôle judiciaire. «Le juge des enfants lui a notifié son placement sous mesure judiciaire éducative provisoire (...) qui est la seule mesure possible sur un plan pénal pour un mineur de moins de 13 ans», selon le procureur.
Il est impossible de dire si le garçon serait un jour passé à l'acte, avait encore noté le magistrat. La mère de l'enfant et son compagnon ont été placés en garde à vue pour des vérifications mais mis hors de cause. Le père du garçon avait également été entendu. Il s’était dit «choqué» de découvrir les faits reprochés à son fils. Lui aussi avait été mis hors de cause. Le procureur avait évoqué un «conflit parental manifeste», le père et la mère du garçon se renvoyant la faute.