« Toutes pour une » : débâcle au box-office pour la version woke et féministe des « Trois Mousquetaires »
« Toutes pour une se révèle aussi nécessaire que l’écriture inclusive ». C’est ainsi qu’Éric Neuhoff, critique de cinéma au Figaro, a décrit le dernier film d’Houda Benyamina, en salles depuis le 23 janvier. Dans cette énième adaptation des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, la réalisatrice de Divines (2016) fait tomber en poussières la masculinité pétrie de stéréotypes des d’Artagnan, Athos, Portos et Aramis. Et à leur place, on découvre de nouvelles héroïnes : Oulaya Amamra, Sabrina Ouazani, Déborah Lukumuena et Daphne Patakia.
Bande-annonce - Toutes pour une (2025)
Le scénario se calque sur les adaptations de 1961, 1973, 1989, 1993, 2001 et bien sûr sur les deux dernières de 2023 avec François Civil, Vincent Cassel et Louis Garrel en tête d’affiche. « Elles sont toujours trois et sont chargées de protéger la reine. Se joint à elles une morisque en fuite qu’elles adoptent et qui deviendra leur d’Artagnan. Voilà le travail », résume d’un trait de plume Éric Neuhoff. Un seul (et immense) détail marquera donc une différence : les trois protectrices d’Anne d’Autriche vont devoir se déguiser en hommes pour accomplir leurs exploits. Poitrine bandée, fausses barbes collées sur le menton, fausses moustaches, perruques... Cette débauche de postiches et de maquillages leur permettra d’intégrer la glorieuse compagnie des mousquetaires du roi Louis le treizième.
Débuts catastrophiques au box-office
Cette idée (originale?) ne semble pas avoir eu l’effet escompté sur la critique et aujourd’hui le grand public. Éric Neuhoff, tout d’abord, ne semble pas avoir goûté cette relecture très XXIe siècle de l’oeuvre de Dumas père : « Le film patauge, ne sait pas sur quel pied danser, hésite entre western spaghetti et pamphlet vaguement féministe, enchaîne séquences montées à la va-comme-je-te-pousse et morceaux qui se voudraient de bravoure, le tout saupoudré de chansons anglo-saxonnes qui arrivent là comme des cheveux sur la soupe.»
« Le film patauge, ne sait pas sur quel pied danser, hésite entre western spaghetti et pamphlet vaguement féministe »
Éric Neuhoff
Le grand public aurait pu contredire la critique. Que nenni !, Les premiers chiffres de fréquentation, souvent cruels, ne sauvent pas non plus nos duellistes féminisés. En cinq jours d’exploitation, Toutes pour une totalise seulement 9 407 entrées pour 155 copies. De quoi lui priver d’une place dans le top 30 du box-office français cette semaine, alors que sa production a nécessité pas moins de 10 millions d’euros d’investissement.
Mais ce n’est pas tout. À l’issue de son premier jour d’exploitation en France, les Trois Mousquetaires à la sauce woke ne totalisait que 1271 entrées sur 564 séances, soit une moyenne peu flatteuse de deux spectateurs par séance. À titre de comparaison, Jouer avec le feu avec Vincent Lindon, sorti le même jour, a rassemblé 20 252 spectateurs en une journée. C’est vingt fois plus alors que son budget prévisionnel a été annoncé à 4,5 millions d’euros.
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Allociné retire les notes spectateurs du film
Et comme si les chiffres de fréquentation ne suffisaient pas à classer Toutes pour une au rang des plus gros « flops » français de ces dernières années, un autre malheur vient vouer aux gémonies cinématographiques ce que l’on pressent déjà comme un échec cuisant. « En raison d’un afflux anormalement élevé de notes extrêmes (0,5 ou 5) et de nouveaux comptes utilisateurs, nous avons pris la décision exceptionnelle de suspendre temporairement l’affichage de la note spectateur du film », a annoncé Allociné sur son site. Un fait extrêmement rare. Aussi rare que de voir une Vicomtesse de Bragelonne...
« Le scénario pèche par sa faiblesse. Cela part dans tous les sens, multiplie les dialogues gravés dans le marbre. On passe sans raison valable du noir et blanc à la couleur »
Éric Neuhoff
Allociné associe cette « manipulation des votes » aux avis partagés sur les réseaux sociaux. X (anciennement twitter) est en effet devenu un terrain de jeu pour les nombreux internautes qui déversent leur haine dans des commentaires négatifs. Sans trop de surprise, la plupart de ces détracteurs s’en prennent au « wokisme » supposé du film. Pour autant, l’abondance de 0/5 étoiles a été palliée par de nombreux commentaires élogieux qui lui ont accordé la note maximale. Au Figaro, notre critique Éric Neuhoff lui a accordé un 0/4 pointé.
« Le scénario pèche par sa faiblesse. Cela part dans tous les sens, multiplie les dialogues gravés dans le marbre. On passe sans raison valable du noir et blanc à la couleur. On comble les vides par des ralentis. Les intermèdes comiques ne sont pas drôles. Les duels sont cafouilleux », a-t-il écrit. Avant de conclure, avec une pointe d’ironie : « Il aurait mieux valu montrer à quel point il est difficile d’être un homme, déconstruit ou pas. »