Guerre en Ukraine : le silence de Moscou après la proposition américaine de cessez-le-feu acceptée par Kiev
C'est le fameux "silence assourdissant". Pour l'heure, il n'y a eu aucune réaction du Kremlin au sortir des pourparlers entre Kiev et les États-Unis en Arabie saoudite. L'Ukraine a accepté une proposition américaine pour un cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, se disant "prête pour la paix" après plus de trois ans de guerre et appelant Moscou à se prononcer, à l'issue d'une rencontre américano-ukrainienne en Arabie saoudite.
À Moscou, il y a une sorte d'attentisme, mercredi 12 mars. Personne n'a réagi après les déclarations américaines et ukrainiennes sur le cessez-le-feu, et surtout pas Vladimir Poutine, dont on sait qu'il déteste agir sous la pression. Or, c'est précisément ce que vient de faire Washington en renvoyant la balle dans son camp. Aucun journal russe ne se risque d'ailleurs à esquisser une hypothèse. Le Kremlin ne voulait même pas, mardi soir, confirmer la venue prochaine de Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump.
Moscou ne veut pas entendre parler d'une trêve militaire
L'ambiance est même de plus très agressive à l'égard de Kiev, après le raid massif de plus de 300 drones qui a visé la Russie le matin. "Le régime de Kiev s'enfonce dans le terrorisme", écrivait mardi le ministère russe des Affaires étrangères. Et un député russe très célèbre réclamait que l'on lance sur l'Ukraine "un ou plusieurs Orechnik", ces nouveaux missiles balistiques russes, fierté du Kremlin, pourvu de têtes multiples. En un mot : à Moscou, l'heure n'est visiblement pas à la logique d'apaisement.
Reste la question centrale : les Russes peuvent-ils accepter, à court ou moyen terme, une telle trêve ? Difficile de l'assurer, tant sonder les motivations et les volontés profondes du Kremlin reste compliqué. Pour l'instant, c'est plutôt non : la semaine dernière encore, la porte-parole de la diplomatie russe répétait que Moscou ne voulait pas d'une trêve temporaire. C'est une ligne constante depuis que l'hypothèse a été mise sur la table. Le 20 janvier, lors d'un Conseil de sécurité au Kremlin, Vladimir Poutine avait défini la position russe : "Nous voulons la résolution des causes profondes du conflit, pas une brève trêve".
En clair, Moscou ne veut rien concéder avant d'avoir obtenu l'assurance que l'Ukraine n'entrera pas dans l'OTAN, la démilitarisation du pays et, si possible, un changement de régime à Kiev. Et que l'Otan renie sa vieille promesse de 2008 d'intégrer l'Ukraine dans l'Alliance. En clair, Moscou veut tout, tout de suite et semble campé sur cette position maximaliste.
Critiques sur les réseaux sociaux
Et puis, l'autre raison pour laquelle le Kremlin ne veut pas entendre parler d'une trêve est militaire : les troupes russes avancent dans le Donbass, même si c'est au prix de lourdes pertes. Elles ont même effectué quelques percées ces dernières semaines dans d'autres régions. Ces derniers jours, elles sont ainsi entrées dans les faubourgs de Soudja, la localité la plus importante de la région de Koursk, tenue, jusqu'à présent, par les Ukrainiens. De quoi laisser dire à certains que la présence de l'armée ukrainienne sur le sol russe ne tient plus qu'à un fil.
Or, Moscou entend conserver cet avantage. Une trêve permettrait à Kiev de reconstituer ses forces, assurait récemment la diplomatie russe. D'ailleurs, sur les réseaux sociaux, les plus radicaux des correspondants de guerre russes rejetaient, parfois en termes assez fleuris, la proposition de trêve américaine.