Guerre en Ukraine : colère et volonté de représailles à Moscou, après l'attaque la plus massive de drones ukrainiens

Pendant qu'en Arabie saoudite le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, et le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, discutent d'un éventuel plan de paix, Moscou constate les dégâts après un raid de drones massif qui a touché la capitale russe tôt mardi 11 mars, et plus largement une grande partie de l'ouest de la Russie.

C'est probablement le raid de drones le plus important lancé par l'Ukraine depuis le début de la guerre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, ils sont impressionnants : 337 drones abattus au-dessus de la Russie dans la nuit et tôt mardi matin, d'après le ministère russe de la Défense, dont 91 au-dessus de la région de Moscou, qui a connu donc le raid le plus massif depuis le début de la guerre.

Ce que ne disent jamais les autorités russes, c'est combien de drones ont réussi à passer au travers de la défense antiaérienne, mais on l'estime à une dizaine sur le grand Moscou. Des drones qui ont parfois fini dans des immeubles d'habitation, comme sur le quartier de Vidnoïe, au sud de Moscou, où cette habitante a été réveillée en sursaut mardi matin. "Nous dormions à 5 heures du matin, et nous avons été réveillés par l'explosion, raconte-t-elle. La maison tremblait, nous avons regardé aux fenêtres, les ambulances et les pompiers arrivaient."

"Il n'y a pas eu de panique, mais c'était vraiment effrayant. Les fenêtres étaient brisées, les morceaux de verre volaient, il y avait beaucoup de chiens qui aboyaient."

Une habitant du quartier de Vidnoïe, à Moscou

à franceinfo

Ces frappes ont fait trois morts dans la région de Moscou, c'est le bilan le plus lourd ici depuis le début de la guerre, un habitant d'un immeuble et deux employés d'un magasin qui se trouvaient sur un parking où un drone est tombé. Il y a au moins une vingtaine de blessés. D'autres régions ont été touchées, les zones frontalières surtout : Belgorod, Briansk, Koursk où un drone s'est abattu lundi soir sur un centre commercial, faisant quatre morts. Jamais encore un raid de drones ukrainiens n'avait causé autant de victimes civiles un peu partout en Russie en une nuit. Il y a beaucoup de colère, certains appellent déjà à des représailles, comme Andreï Kartapolov, le président de la commission de la défense de la Douma, qui réclamait l'envoi de missiles hypersoniques Orechnik sur l'Ukraine mardi matin.

La preuve que Kiev ne veut pas la paix, selon Moscou

D'une façon générale, les responsables russes voient plutôt dans ce raid la preuve que Kiev ne veut pas la paix, quitte à oublier que Moscou a bombardé lourdement l'Ukraine ces derniers jours (126 drones et un missile balistique dans la nuit de lundi à mardi, d'après Kiev), et quitte à prétendre, contre toute évidence, que l'armée russe ne vise pas d'installations civiles, comme l'a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, plus tôt dans la journée. "Le régime de Kiev n'abandonne pas sa stratégie de frappes et il est important de noter que ce régime frappe des installations civiles et des bâtiments résidentiels, avance-t-il. Notre armée, elle, ne frappe que des cibles militaires et paramilitaires. Personne n'est candide et ne s'attend à ce que ce régime abandonne soudainement son identité nazie. Non, il ne le fera pas. Nous devons rester sur nos gardes."

Reste à savoir ce que voulait montrer Kiev en lançant ce raid massif au moment même où une délégation ukrainienne allait entamer des discussions avec les Américains en Arabie saoudite. Les Ukrainiens pourraient proposer une trêve dans les airs et en mer comme premier pas, peut-être ont-ils donc voulu montrer qu’eux aussi avaient les moyens de toucher la Russie.