Jean-Noël Barrot : "Je ne crois pas que Donald Trump voudra faire des cadeaux à Vladimir Poutine"

Sur l’élection de Donald Trump, Jean-Noël Barrot rappelle que "le choix du peuple américain est souverain". Et même si l’arrivée d’un Trump comme locataire de la Maison Blanche change la donne, "nous avons survécu à 59 élections présidentielles américaines. Nous survivrons évidemment à la 60e".

Pour le ministre, les pays européens ont changé depuis le premier mandat de Donald Trump en 2016 : "Nous nous préparons à cette transformation du monde qui est à l'œuvre, en appelant l'Europe à se donner les moyens de sa souveraineté et de son indépendance, comme le président de la République l'a fait dès 2017 dans son premier discours de la Sorbonne."

Risque de guerre commerciale transatlantique 

Premier point de rupture avec la prochaine administration Trump, la possibilité d’une guerre commerciale entre l’Union européenne et les États-Unis, qui ont élu le candidat dont le slogan de campagne était "America First". Pour le ministre français des Affaires étrangères, le bloc des Vingt-Sept doit faire valoir ses atouts commerciaux : "L'Union européenne est le premier partenaire commercial des États-Unis d'Amérique. C'est pourquoi, pour les États-Unis, appliquer des droits de douane de manière indiscriminée et massive à l'Europe serait une erreur de calcul majeure [...]. Si l'administration Trump devait persister, alors nous défendrons nos intérêts agricoles, industriels et commerciaux avec une volonté de fer et sans trembler."

En effet, Jean-Noël Barrot se félicite d’une unité retrouvée et renforcée au niveau européen : "L'Europe a changé [...]. L'Europe a décidé d'appliquer elle-même des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, considérant que les subventions dont bénéficient les entreprises chinoises aujourd'hui sont désavantageuse pour les entreprises européennes. Donc, nous avons construit des moyens de rétorsion."

"Conséquences extrêmement lourdes" 

Sur la politique de Donald Trump envers l'Ukraine, Jean-Noël Barrot veut croire que le président-élu est "trop avisé pour devenir celui qui avalise la plus grande annexion territoriale depuis 75 ans". Un retrait du soutien américain aux Ukrainiens aurait des "conséquences extrêmement lourdes", car "ce serait consacrer définitivement la loi du plus fort", selon le ministre, qui "ne crois pas qu’il voudra faire des cadeaux à Vladimir Poutine".

Sur le risque que la nouvelle administration Trump se détourne de la sécurité du Vieux Continent, Jean-Noël Barrot réclame un sursaut de la part des partenaires européens : "Il y a quelque chose qui doit évoluer. Si les États-Unis ont d'autres priorités stratégiques que la défense de l'Europe, c’est qu'il nous faut donc progresser dans la direction que nous indiquons depuis des années, c'est-à-dire le développement d'une industrie de défense, le relèvement de nos dépenses et une intimité toujours plus grande entre les armées européennes."

Il insiste également sur la nécessité, pour des pays comme la France, l'Allemagne ou la Pologne, qui augmentent leurs dépenses de défense, de privilégier l'industrie européenne. "Il serait inacceptable que nous augmentions les dépenses en matière de défense si cela ne crée pas des emplois et des entreprises", a-t-il souligné.

"Une situation inacceptable" entre la France et Israël

Après l'incident diplomatique sur un site français à Jérusalem, la France a convoqué l'ambassadeur israélien au Quai d'Orsay. Le ministre estime avoir apporter une réponse ferme et mesurée : "Dans l'échelle des sanctions diplomatiques, la convocation d'un ambassadeur est le premier degré [...]. Nous considérons cet incident comme extrêmement grave ; la France n’acceptera pas qu'un tel acte se reproduise." Il se félicite par ailleurs des sanctions de l’UE contre le processus de colonisation israélienne en Cisjordanie, et prévient que qu'"un troisième round de sanctions contre les colons" est en préparation.

Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Oihana Almandoz et Luke Brown.