Solann, une chanteuse singulière au timbre cristallin
Solann n’a pas encore sorti son premier album, mais elle est déjà une habituée des plus prestigieux festivals de chansons de notre pays. Présente à l’affiche du Printemps de Bourges en avril dernier, elle figurait en bonne place parmi les invités des dernières Francofolies de La Rochelle. Le prénom de cette jeune chanteuse figure avec insistance ces derniers mois dans la catégorie révélation. «C’est la première année où je fais de la scène et c’est dingue de me retrouver là tout de suite. Assez intimidant aussi.»
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Souriante, gracile et avenante, la jeune artiste évolue avec sérénité et grâce dans l’environnement musical. Pourtant, cette fille discrète ne se destinait pas au départ à la chanson, mais au théâtre. C’est à la faveur du confinement de 2020 qu’elle a changé de cap. Tous les théâtres étaient fermés, il fallait que je trouve un moyen de m’exprimer», lâche-t-elle. C’est alors qu’elle a commencé à chanter en langue française. Activité thérapeutique au départ, le chant est devenu son moyen d’expression favori. Venue du théâtre, la demoiselle a très vite écrit des histoires, puis des chansons. Aujourd’hui, sa voix est un baume apaisant pour ceux qui l’écoutent. Et ils sont de plus en plus nombreux. Son nom se propage avec insistance, ce qui ne manque pas de l’intriguer.
Elle attribue sa passion du chant à sa mère, qui a longtemps fait du cabaret et des comédies musicales.«Pendant longtemps, je copiais les divas que ma mère écoutait: Nina Simone, Aretha Franklin, Christina Aguilera. Ensuite, j’ai découvert des femmesqui chantent davantage dans la douceur, comme Stacey Kent ou Lisa Ekdahl.»
Après avoir trouvé sa «voix» et défini ce qu’elle avait envie de raconter, Solann s’est lancée, avec le soutien du producteur et co-compositeur Marso. J’ai un peu trop d’ego pour laisser quelqu’un signer les textes avec moi»,avoue-t-elle. Dans ses écrits, la jeune femme n’hésite pas à se dévoiler. «Lors de mon concert parisien de janvier dernier, toute ma famille m’a entendue chanter des morceaux nouveaux. Je me suis dit que ça devait être un choc pour eux. Il y a eu quelques discussions houleuses ensuite…», explique-t-elle.
«Les concerts me faisaient peur, mais je commence à apprécier»
Après Zaho de Sagazan ou Clara Ysé, révélées ces dernières années, Solann apporte sa singularité à une scène qui se féminise à vitesse grand V. Cette fan des Rita Mitsouko se réjouit: «Il y a enfin de la place pour des voix qui ne sont pas des “voix”. J’écoute tout le temps de la musique, je ne peux pas sortir sans: c’est ma bulle.»
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Ces derniers mois, le rythme de la jeune femme s’est considérablement accéléré. «J’ai bénéficié d’opportunités auxquelles je n’aurais jamais cru. J’ai eu la chance de faire la première partie d’Angus et Julia Stone. Et j’ai même pu chanter avec eux», dit-elle avec un grand sourire. C’est sur le standard de Joe Dassin, Les Champs-Élysées, que les deux Australiens ont donné la réplique à la Française. «Un vrai bonheur», résume-t-elle. Il y a fort à parier que Solann, qui sera à l’Olympia le 9 avril 2025, deviendra à son tour une valeur sûre. «On m’a demandé dans quelle salle je voulais vraiment chanter. Le tout premier concert que j’avais vu, à l’âge de 10 ans, c’était Renan Luce à l’Olympia, alors cette salle s’est imposée.»
En attendant, la musicienne garde la tête froide et soigne l’écriture des chansons qui composeront son premier album. Après des vacances au mois d’août - ses premières depuis longtemps -, elle a fait le tri parmi les morceaux déjà terminés. «C’est un problème de bienheureux: il vaut mieux en avoir trop que pas assez. Je suis très heureuse de ce qu’on va raconter, je commence à écrire la suite aussi, et ça me fait du bien.»
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Solann entretient le mystère quant à l’avancement réel de son disque. Elle peaufine, cherche, aménage, agence les chansons avec un degré d’exigence peu ordinaire. «Si je pouvais sortir le disque aujourd’hui, je le ferais. Enfin, je ne sais pas, hésite-t-elle. Je suis pressée de voir tout ce qui va aller avec la musique, creuser les idées pour savoir comment la présenter, sous quel angle… c’est-à-dire toute la production visuelle.»
Solann est pressée, mais pas consciente d’être attendue pour autant. Malgré les sollicitations dont elle est l’objet, elle ne se sent pas particulièrement désirée. Je n’ai pas le temps d’avoir cette impression.» Pourtant, il y a les festivals, le public, les journalistes, la maison de disques… Dans un festival, les gens ne viennent pas pour moi. Je passe avant Olivia Ruiz et Shaka Ponk, dont les fans sont très patients. Ça me fait plaisir de découvrir un autre public, qui est adorable et qui joue le jeu», dit-elle, pas dupe.
Solann a longtemps été paralysée par le trac avant de monter sur scène. «Ça me faisait vraiment peur. Mais je commence à apprécier. Avant, je voyais cela comme un moment de souffrance et de douleur. Maintenant, je m’amuse beaucoup plus», reconnaît-elle, allant jusqu’à employer le terme d’euphorie: «Ce sont des événements survenus dans ma vie personnelle qui m’ont fait prendre du recul. Je peux faire ce que je veux, les gens m’écoutent, me soutiennent et me donnent des choses. Ce n’est pas grave de rater un concert.» Solann apprend progressivement à lâcher prise. «À chaque fois, je veux surprendre le public, je n’ai pas envie de donner toujours la même chose. J’ai tout le temps envie de faire mieux.»