Sidérurgie : le ministre de l’Industrie veut limiter les importations d’acier chinois en Europe

Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci l'a dit dans Le Figaro, mercredi 5 février : "Trop d’acier chinois subventionné entre dans l’Union européenne", ce qui met en difficulté les sidérurgistes européens déjà soumis à rude épreuve par les prix de l'énergie et la baisse de la consommation intérieure.

Le ministre souhaite donc mettre à jour les clauses mises en place par Bruxelles qui, depuis 2019, limitent les importations d’acier chinois sur le sol européen. Censées être maintenues jusqu’à juin 2026, elles limitent les importations d’acier à 15% du marché européen. Mais comme la consommation d’acier diminue chaque année en Europe, le volume fixé à l'époque correspond aujourd’hui à 30% du marché.

Avec un tel seuil, les sidérurgistes européens ne sont plus rentables. La liste des restructurations ou des fermetures de sites s’allonge. Le groupe allemand Thyssenkrupp – grand concurrent d’Arcelor – prévoit de supprimer 11 000 emplois d’ici 2030, ce qui correspond à 40% de ses effectifs. En France, Arcelor-Mittal doit fermer d’ici le printemps 2025 deux sites, à Denain, dans le département du Nord, et à Reims dans la Marne. En plus de ces 136 postes concernés, 28 autres postes sont également en passe d'être supprimés dans une filiale de l'entreprise, à Strasbourg et à Valence.

Investissements suspendus dans la décarbonation

ArcelorMittal suspend aussi ses projets d’investissements dans la décarbonation notamment à Dunkerque, un des plus importants hauts-fourneaux d’Europe occidentale. Le PDG d’Arcelor-France Alain Le Grix de la Salle déclarait récemment que "tous les sites européens présentent aujourd’hui des risques de fermeture", si rien n’est fait pour protéger la sidérurgie en Europe. C’est la réponse qu’il a faite, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, à un député qui lui demandait s’il pouvait prendre l’engagement qu’aucune usine du groupe ne serait fermée en France en 2025. Malheureusement, la réponse semble évidente. D'autres usines fermeront si l’Europe n’agit pas dans un contexte qui s'est encore tendu avec les menaces de Donald Trump sur le commerce mondial.

D'ailleurs, alors qu'ArcelorMittal gèle ses investissements dans l'acier vert à Dunkerque, il se renforce aux États-Unis : le groupe européen a annoncé, jeudi 6 février, débloquer près d'un milliard de dollars pour construire une nouvelle usine en Alabama.