Liban : le vrai ou faux junior répond aux questions sur les défis qui attendent le nouveau président élu, Joseph Aoun
Le président français Emmanuel Macron est arrivé vendredi 17 janvier à Beyrouth pour apporter son soutien aux nouveaux dirigeants du Liban. Le chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, a été élu président du Liban le 9 janvier. Depuis, il a nommé son Premier ministre, le juge international, Nawaf Salam.
Cela faisait plus de deux ans que le Liban attendait un nouveau président. Joseph Aoun prend la présidence d'un pays très divisé et qui subit une grave crise économique. Les élèves des collèges Jules Ferry, à Sainte-Genneviève-des-Bois dans l'Essonne, nous ont posé des questions sur les défis qui attendent le prochain gouvernement libanais et sur les problèmes qui touchent le Liban en général. Christian Chesnot, grand reporter à la rédaction internationale de Radio France leur répond.
Une grave crise économique
Élisa demande "s'il est vrai que Joseph Aoun a une vision particulière pour résoudre la crise économique au Liban".
Christian Chesnot : "Sa vision particulière, c'est finalement celle qui consiste à ouvrir tous les dossiers et tout remettre à plat, car le pays va mal sur le plan économique. On sait que depuis plusieurs années, le pays est en faillite. Depuis 2019, il est très endetté. La monnaie a plongé, a perdu plus de 90% de sa valeur. Il y a eu l'explosion du port de Beyrouth au mois d'août 2020. Le pays est dans un état comateux de souffrance et il va falloir nettoyer un peu tout ça, remettre de la transparence parce qu'il faut donner confiance aux grands bailleurs de fonds internationaux pour qu'ils investissent au Liban, structurer l'administration, refaire revivre la justice. Le Liban a aussi besoin de façon urgente de restructurer sa dette, une dette immense de plus de 100 milliards de dollars."
Plus de deux ans sans président
Chloé se demande "pourquoi le Liban n'avait plus de président depuis plus de deux ans".
Tout simplement parce qu'il y avait un blocage au niveau du Parlement libanais. Le système électoral au Liban est différent du nôtre. Le président est élu par le Parlement pour six ans. Il est obligatoirement, maronite. Les "maronites", ce sont les chrétiens du Liban. Et s'il doit être obligatoirement chrétien maronite, c'est en vertu du partage du pouvoir entre les communautés religieuses au Liban, le président de la République est chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le président du Parlement musulman, chiite.
Pour être élu au Parlement, le Président doit réunir un certain pourcentage de voix parmi les 128 députés. Il faut qu'il y ait aussi un minimum de députés présents au moment du vote.
Sauf que pendant des années ils ne se sont pas mis d'accord, ou il n'y avait pas assez de députés le jour des votes. Jusqu'à ce que la situation se débloque explique Christian Chesnot : "Il y avait une espèce de jeu stérile qui a duré pendant deux ans et là j'allais dire miracle, peut-être, grâce à ce qui s'est passé en Syrie, l'affaiblissement du Hezbollah. Il y a eu aussi l'affaiblissement par Israël, les choses se sont remises en ordre et une pression internationale aussi, des États-Unis, de la France, de l'Arabie saoudite, du Qatar, de l'Égypte, des pays internationaux. Donc finalement, les planètes se sont alignées pour qu'on élise un nouveau président au Liban."
Le Liban, un pays multifacettes et multiconfessionnel
Andreas se demande "pourquoi le Liban a-t-il tant de problèmes politiques ?"
Christian Chesnot explique que c'est "parce que c'est un pays multifacettes, multiconfessionnel. Vous avez plein de communautés, des communautés religieuses. On a parlé des chrétiens, les maronites, mais il n'y a pas que les Maronites. Il y a des Arméniens, des Grecs orthodoxes, des Assyriens. Côtés musulmans, vous avez des chiites, vous êtes des sunnites, vous avez des Druzes, vous avez quelques Alaouites. Donc c'est une mosaïque humaine, confessionnelle et c'est un pays qui est quand même passé par une guerre civile entre 1975 et 1990. La coexistence, la cohabitation n'est pas si simple que ça. Les communautés ont souvent peur de l'une de l'autre ou on ne veut pas qu'une communauté domine tout le monde."