JO d’hiver 2030 : présidence, sites, budget… A cinq ans des Jeux dans les Alpes françaises, les trois dossiers qui patinent
Sur le papier, tous les voyants étaient au vert. Après un été effervescent, l’organisation des JO 2030 dans les Alpes françaises n’avait qu’à suivre les traces de Paris 2024, dans un Hexagone habité par l’esprit olympique. Sauf que sept mois après avoir été officiellement désigné par le CIO, le projet des Alpes françaises est au point mort.
Pire encore, les organisateurs ont subi un coup d’arrêt en perdant son “Tony Estanguet des montagnes”, Martin Fourcade, qui s’est retiré de la course à la présidence du futur Cojop, lundi 3 février. A tout juste cinq ans de ses premiers Jeux d’hiver depuis Albertville en 1992, la France prend du retard dans ce nouveau chantier olympique avec trois points d’interrogation majeurs : la présidence du Cojop, la carte définitive des sites, et l’approbation finale du CIO liée à la loi de finances 2025.
Une présidence du Cojop à choisir
Après plusieurs reports, la nomination du président du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) 2030 dans les Alpes devrait être annoncée le 18 février prochain. Après le retrait de Martin Fourcade, les derniers candidats en lice ont jusqu’au 14 février pour se faire connaître. L’enjeu : savoir qui sera le visage de cette organisation, comme l’a été Tony Estanguet pour Paris 2024, avec un rôle central pour piloter le comité exécutif qui regroupe le ministère des Sports, les régions Paca (Provence-Alpes-Côtes d'Azur) et Aura (Auvergne-Rhône-Alpes), ainsi que les comités olympique et paralympique français.
Déjà candidats avant le retrait de Martin Fourcade, Vincent Jay (double médaillé olympique en biathlon) et Marie Martinod (vice-championne olympique en halfpipe en 2014 et 2018) sont toujours en course. "Je n’ai jamais été candidate... mais je reste disponible. On m’a sollicitée à l’époque", explique ainsi l’ancienne skieuse freestyle à Ski Chrono. Mais le retrait de Martin Fourcade a fait remonter d’autres noms, dont celui d’Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses en 1992 à Albertville. "J’ai été contacté. J’étudie les éléments et les conditions de ce dossier et je rendrai une décision d’ici le 18 février", a-t-il confié également à Ski Chrono. Relancé par nos soins, “Gagar” a préféré ne pas en dire plus pour le moment.
Ancien directeur de la candidature d’Annecy pour les Jeux d’hiver de 2018, Edgar Grospiron a pour lui ce vécu, en plus d’un sens aigu du relationnel. Autre nom qui revient avec insistance, celui de Perrine Pelen. En 2023, la triple médaillée olympique (1980, 1984) dirigeait le comité d'organisation des championnats du monde de ski alpin de Courchevel et Méribel, avec un succès indéniable. Contactée par franceinfo: sport, l’ancienne skieuse n’a pas confirmé son intérêt. Le nom de Jean-Claude Blanc, CEO d’Ineos Sport après plusieurs années comme directeur exécutif du PSG, circule également, puisque le Savoyard était déjà de l’aventure à Albertville en 1992, en tant que directeur marketing. A moins que Michel Barnier et Jean-Claude Killy ne reforment le duo qui avait mené l'organisation des Jeux d’Albertville en 1992…
Définir (enfin) la carte des sites
Quand le chat n’est pas là, les élus dansent. En l’absence d’un Cojop en ordre de bataille, les élus des Alpes continuent de mener leur barque. Si bien qu’à moins de cinq ans, la carte des sites des Jeux d’hiver 2030, qui doivent se dérouler dans l’ensemble des Alpes françaises, de Nice au Grand Bornand, n’a toujours pas été figée. Après des visites du CIO, quelques modifications ont été effectuées, comme le déménagement du halfpipe de Serre-Chevalier à Montgenèvre, le big air faisant le trajet en sens inverse, ou encore le transfert des épreuves de paraski nordique du Grand-Bornand à Méribel.
Reste toutefois plusieurs cas épineux, dont celui de Val d’isère, temple du ski alpin français auquel on a préféré Courchevel et Méribel. Inscrite sur la carte transmise au CIO lors de la présentation officielle le 24 juillet 2024, la station avaline ne sait toujours pas quelles épreuves accueillera la célèbre Face de Bellevarde.

Un sujet non négligeable, puisque amener les Jeux à Val d’Isère nécessiterait de nouvelles infrastructures de transport, pour une enveloppe estimée à 60 millions d’euros. Autre gros point d’interrogation : le lieu de la cérémonie d’ouverture. Le 23 décembre, par la voix du président de la métropole, Grenoble s’est positionné, forte de son stade des Alpes et de la patinoire de Polesud. Une initiative au milieu d’autres, puisque chaque municipalité candidate joue sa carte en l’absence d’un Cojop pour trancher. Sans oublier le cas de la patinoire de vitesse, qui devrait être implantée à l’étranger, faute d’infrastructure en France.
Répondre aux attentes d’un CIO qui s’agace
Le 24 juillet 2024, lors de sa 142e session à Paris, le CIO, qui avait entamé un dialogue ciblé avec les Alpes françaises dès novembre 2023, a officialisé le choix des Alpes françaises pour les Jeux d’hiver 2030 "sous conditions". L’instance disposait alors de six mois pour signer le contrat de ville hôte, qui entérine ce choix. Plus de six mois plus tard, cette lettre n’a toujours pas été paraphée par le CIO, qui n’a pas encore reçu toutes les garanties.
La première d’entre elles était la garantie financière de l’Etat, dont la signature a été repoussée à partir de juillet en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale. Ancien directeur des JO d’Albertville en 1992, Michel Barnier a profité de son court séjour à Matignon pour signer la précieuse lettre le 2 octobre dernier. Mais le vote de la censure le 4 décembre à l'encontre de son gouvernement a privé l'Etat d'un budget, et donc de la garantie financière qu'attend le CIO.
C'est donc avec attention que l'instance internationale va suivre le vote de la motion de censure du budget du gouvernement de François Bayrou, mercredi 5 février. La garantie financière de l’Etat a été inscrite dans le projet de loi de finances 2025, pour lequel le Premier ministre a eu recours à l’article 49.3. En cas de censure du gouvernement, le CIO devrait donc encore patienter, alors que Thomas Bach, président du CIO, avait bien précisé, lors de la désignation des Alpes françaises, que la garantie de l'Etat "devra être ratifiée par le Parlement au plus tard le 1er mars". Quant au président du Comité d'organisation, sportif et non politique selon les vœux du mouvement olympique, "il appartient aux parties prenantes du projet de décider de la direction du Cojo. Le CIO attend leur proposition avec impatience", a déclaré à l'AFP, mardi 4 février, un porte-parole de l'instance.