Tenter de rassurer les agriculteurs sur le projet d'accord entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur… Le commissaire européen à l'agriculture, Christophe Hansen, s'exprime en exclusivité sur franceinfo à l'occasion d'une visite en France, lundi 1er décembre. Dans une quinzaine de jours, les dirigeants des 27 voteront pour ou contre cet accord. Emmanuel Macron a dit que, pour l'instant, il s'oppose à ce traité. Le commissaire européen estime que le débat manque d'objectivité en France.
Le vote à l'Assemblée nationale, jeudi 27 novembre, n'a pas échappé à Christophe Hansen. Il a bien vu que les députés français ont voté à l'unanimité contre ce projet de traité. "Je pense qu'en France, c'est devenu dogmatique, déplore le commissaire européen. Je ne vois aucune couleur politique qui le défend mais il faut quand même dire que la France serait la grande gagnante d'un tel accord parce que beaucoup de ces filières sont hautement prisées dans les pays tiers." Selon lui, les exportations de la plupart des fromages et vins français sous appellations vont augmenter car ils sont protégés par le texte.
"Beaucoup d'inquiétudes mais aussi de méconnaissances"
Quant aux importations de bœuf, de volaille ou de sucre, l'accord prévoit des quotas sans droit de douane. Mais Christophe Hansen rappelle que l'Europe achète déjà dans les pays du Mercosur. Par exemple, 200 000 tonnes de bœuf ont été importées en 2024, dont 3 000 tonnes seulement se sont retrouvées en France. "Dans la discussion du Mercosur, il y a beaucoup d'inquiétudes mais aussi de méconnaissances des détails, estime Christophe Hansen. Les connaissant très bien, je ne me fais pas de soucis pour notre secteur avec les clauses de sauvegarde et la réciprocité qu'on est en train de mettre en œuvre."
Ces clauses de sauvegarde permettront, affirme-t-il, de stopper les importations en cas de perturbation de marché. Christophe Hansen travaille également à un mécanisme pour ne plus acheter de denrées alimentaires produites à base de pesticides interdits en Europe, ce sont les "clauses miroir" réclamées par la France.
"Substantiellement réduire les barrières tarifaires"
D'un point de vue plus général, le commissaire européen défend les accords de libre-échange. Cela peut être un débouché pour des filières en crise, comme la viticulture. La consommation est baisse en France comme les exportations vers les marchés traditionnels : les Etats-Unis se ferment avec les barrières douanières de Donald Trump, la Chine également se replie.
Christophe Hansen pense que la renommée des vins ou spiritueux européens comme le Cognac, en France, peuvent rayonner dans le monde : "J'ai été accompagné au Brésil, il y a un mois, par des producteurs de vin français. Ils aimeraient bien y vendre leur vin. On est en train aussi de négocier avec l'Inde où il y a actuellement 150% de droits de douane à l'entrée. Si on arrive à substantiellement réduire ces barrières tarifaires, on aura des débouchés pour nos vins européens et ça devrait être aussi un objectif parce que je préfère pouvoir vendre nos vins dans des pays tiers plutôt que de financer leur déclin." Car le gouvernement français vient de valider un plan d'arrachage pour diminuer la production et demande à Bruxelles de financer la distillation pour supprimer des stocks qui pèsent sur le marché. Une demande qui reste à l'étude, dit-il.