Européennes 2024 : accusée de «sabotage» par Mélenchon, Clémentine Autain cible ses «comportements d'exclusion»

Bien décidée à rendre coup pour coup. Accusée de «sabotage» par Jean-Luc Mélenchon à l’approche des élections européennes, après une interview à charge sur la stratégie conflictuelle de sa formation politique, Clémentine Autain lui a répondu ce lundi soir. Invitée de «C à Vous» sur France 5, la députée LFI de Seine-Saint-Denis a préféré ironiser : «Les mots, qui sont révélés dans L’Obs, ne sont pas du sabotage pour la campagne des européennes...» Dans cette optique, elle demande de «discuter d’autre chose que de proposer (son) exclusion de La France Insoumise par Jean-Luc Mélenchon.» «Ce n’est pas tout à fait de nature à créer un bon climat», a fustigé la parlementaire. Laquelle persifle contre les «comportements d’exclusion» de son ancien collègue de Marseille, qui refuse «les débats» sur la «stratégie et la tactique» de LFI.

Rappel des épisodes. L’hebdomadaire, classé à gauche, révélait, il y a deux semaines, ce message de l’ancien candidat à la présidentielle dans la boucle Telegram des députés insoumis : «Les coups dans le dos en période de campagne électorale ne sont pas acceptables.» Puis cette mise en garde à l’encontre de l’ancienne militante féministe : «Partir serait mieux, plus honnête, plus respectueux humainement. Donc hors de portée.» Quelques jours auparavant, l’élue avait en effet raillée «le profil de La France insoumise depuis un an (qui) n'a pas permis d'engranger des forces et (leur) a coûté» politiquement. Une passe d’armes qui n’était en rien une surprise. Entre Clémentine Autain et Jean-Luc Mélenchon, le torchon brûle depuis des années. Aussi bien sur le plan politique que personnel. Mais à quatre mois du scrutin communautaire, les deux personnalités soufflent eux-mêmes sur les braises. Et lavent leur linge sale en public.

«Si on veut faire un score, le meilleur, derrière Manon Aubry (tête de liste LFI, NDLR), le mieux, c’est de rassembler La France Insoumise et d’essayer de ne pas s’aliéner à l’extérieur des franges qui pourraient nous être acquises», a regretté lundi soir Clémentine Autain. Un clin d’œil aux données sondagières actuelles. Pour rappel, le parti dirigé aujourd’hui par Manuel Bompard est jaugé entre 7 et 8% d’intentions de vote dans les enquêtes d’opinion. Un score synonyme de décrochage par rapport à celui de la présidentielle, lorsque Jean-Luc Mélenchon avait atteint 21,95% des voix.

Un appel à se «rassembler»

Comment expliquer cette chute d’une quinzaine de points ? La France Insoumise paye probablement sa stratégie de «bordélisation» à l’Assemblée nationale, ainsi que son ambiguïté dans le conflit entre Israël et le Hamas. Une position qui l’a, pour le moins, isolé au sein de la classe politique et de la gauche. Figure d’une poignée de frondeurs au sein de LFI, Clémentine Autain considère in fine que «le procès en sabotage est une manière de ne pas être au rendez-vous de la campagne des européennes.»

Ayant pour objectif d’«empêcher qu’Emmanuel Macron, la macronie et ses successeurs continuent à nuire» et «barrer la route à Marine Le Pen», l’Insoumise exhorte son camp à se «rassembler», «plutôt que de passer son temps à expliquer que ce serait mieux si on était dehors ou à nous exclure de tout ou à nous envoyer des noms d’oiseaux.» Pour ce faire, elle demande aux lieutenants insoumis d’adopter un «haut niveau de responsabilité» afin d’«être à la hauteur de la situation». «Si c’est juste “c’est comme ci, et si vous n’êtes pas d’accord, c’est dehors”, ce n’est pas comme ça qu’on rassemble sa famille politique et qu’on vise au plus juste.» Le ton est donné. On attend maintenant la réponse du principal intéressé.