Gaza, Nahel, violences policières : à Paris, des centaines de manifestants scandent des revendications disparates
Aux abords de la Gare du Nord, boulevard de Magenta, le cortège «contre le racisme et l'islamophobie» s’est élancé ce dimanche à 14h. Dans ce quartier populaire du nord de Paris, les haut-parleurs diffusent les notes de rap de Rohff, «La Puissance». L’ambiance est plutôt calme, le public, éclectique. Les causes s’entremêlent, des violences policières aux bombardements à Gaza en passant par les sans-abris.
Quelques individus portent le keffieh, coiffe traditionnelle en tissu symbolisant la résistance palestinienne. D'autres arborent le drapeau palestinien sur le dos, noué autour du cou. On aperçoit Jérôme Rodrigues, figure du mouvement des «gilets jaunes», ainsi qu’Éric Coquerel, député LFI. Une femme arbore un t-shirt «justice pour Nahel», en référence à cet adolescent mort à 17 ans, tué par le tir d'un policier après un refus d'obtempérer à Nanterre en juin 2023.
«Refus d'obtempérer, mais pas permis de tuer»
«Refus d'obtempérer, mais pas permis de tuer», scande la foule en entamant sa marche en direction de la place de la République, lancée à l'initiative de 51 organisations parmi lesquelles LFI, le NPA, Attac, Solidaires ou encore l'observatoire national des pratiques et des violences policières. Une dizaine de camions de la gendarmerie et un camion blindé équipé d'une lance à eau se tiennent prêts à intervenir en cas de débordements. Car face aux risques de tensions et de slogans antisémites, la préfecture avait tenté d’interdire la mobilisation par arrêté. Une décision que le tribunal administratif a finalement suspendue vendredi.
Mais en début d’après-midi, l’atmosphère est paisible. Seuls quelques jeunes habillés en noir, cachés sous des bonnets, capuches et masques sanitaires, se tiennent en marge du cortège. Sous le slogan «La police mutile, la justice acquitte», quelques manifestants retirent les affiches publicitaires des abris bus et les remplacent par des pancartes dénonçant la présence de l'extrême droite dans les médias.
Sur la remorque du camion, la co-organisatrice prend la parole. «On est parti d'un constat, on est souvent en lutte contre les violences policières. Il faut protéger nos enfants, quels qu'ils soient, tous», lance t-elle en sanglots, affirmant que le pays «censé être celui des droits de l'homme» a «une sale gueule aujourd'hui». «Nos enfants subissent des politiques racistes. Si nous, adultes, on n'est pas capables de se mobiliser pour protéger les enfants, on a tout perdu».
Des pro-Palestine et des sans-papiers
Sous son foulard, Anissa*, sexagénaire «française originaire d'Algérie», raconte être là pour soutenir la population palestinienne face aux frappes d’Israël. Dires «stop à cette guerre abominable qui a tué des centaines de civils par jour dans la bande de Gaza», déclare celle qui, depuis le début de la guerre le 7 octobre, se rend à chaque manifestation pro palestinienne.
En agitant un drapeau miniature de la Palestine, l’Algérienne poursuit : « Il faut une solution à deux États, les Palestiniens en Palestine et les Israéliens en Israël. Nous sommes frères, on a le même prophète, bon sang.». Non loin de là, un homme a accroché sur son sac des pins «free Palestine». Un autocollant reprenant le même slogan est collé sur le devant de sa casquette et la coque de son téléphone.
Au milieu du cortège, des collectifs de sans papiers se sont également invités pour faire entendre leur slogan. «On en a marre !», crient-ils en tentant de couvrir le chant des tam-tam. La marche doit s’achever place de la république, où un concert clôturera la journée, en présence notamment du chanteur Médine.
*Le prénom a été modifié.