REPORTAGE. "Nous avons besoin d'aide" : en Syrie, l'hôpital d'Izraa débordé par l'afflux de blessés druzes

Les violences communautaires dans la province de Soueïda, dans le sud de la Syrie, ont déjà fait plus de 350 morts, selon une ONG. Les affrontements entre des tribus bédouines sunnites et des combattants druzes, ont éclaté dimanche 13 juillet dans cette province après l'enlèvement d'un marchand de légumes druze.

Les forces gouvernementales syriennes se sont ensuite déployées dans la ville, jusque-là tenue par des combattants druzes. Officiellement, l'intervention des forces du régime avait pour objectif de rétablir la sécurité. Mais elles sont accusées de s'être elles-mêmes livrées à des exactions après avoir pris fait et cause pour les combattants bédouins. Une situation qui a pris au piège de nombreux civils coincés dans ces affrontements.

Les stocks s'épuisent

À l'hôpital d'Izraa, où sont soignés plusieurs blessés de la minorité druze, allongée sur un brancard, la jambe bandée et couverte de poussière, Aïcha, 44 ans, vient d'arriver. Elle a été blessée alors qu'elle quittait précipitamment sa maison prise sous les tirs. Sa fille et son fils l'ont accompagnée jusque-là. "J'étais sortie de chez moi quand on a entendu les coups de feu. En plus, mon mari est en voyage...", confie-t-elle, sous le choc, mais surtout inquiète pour ses proches restés sur place. 

"Je ne sais pas ce qu'on a fait de mal pour en arriver là"

Aïcha

à franceinfo

Sa sœur, sa tante et ses voisins n'ont plus donné signe de vie. Le réseau téléphonique à Soueïda est coupé et les combats continuent. "On n'a nulle part où aller. Ma sœur est encore là-bas. Je n'ai aucune nouvelle. Ils sont plusieurs à être coincés. Je n'ai pu prendre avec moi que mes trois enfants", soupire-t-elle.

L'hôpital d'Izraa a été réquisitionné en urgence pour accueillir les blessés mais ici, le personnel manque de tout. Bandages, anesthésiques, poches de sang, les stocks s'épuisent, alors le directeur de l'hôpital en appelle au ministère de la Santé à Damas. "Nous avons besoin d'aide. Le personnel est débordé. Il faut des renforts médicaux. Et du matériel", lance-t-il alors que le front est encore actif autour de Soueïda. Des familles druzes entières sont prises au piège dans la ville. Seuls les blessés ont pu en sortir.