MeToo cinéma : le collectif 50/50 insiste sur la protection des mineurs sur les tournages

Ne pas minimiser les effets d’un tournage sur un enfant. Marine Longuet, assistante réalisatrice, se souvient d’avoir encadré la venue d’une fillette de 4 ans sur un plateau. « C’était un environnement déconcertant et rempli d’adultes deux fois plus grands qu’elle », confie cette administratrice du collectif 50/50.

L’association créée en 2018 milite pour davantage d’inclusion et d’égalité dans le cinéma et l’audiovisuel. Elle tient ses assises chaque année pour sensibiliser la profession et informer sur ses actions annuelles. Pour ses 6es rencontres, au Forum des images, à Paris, le lundi 9 décembre, l’accent a été mis sur le travail des mineurs.

En France, les industries culturelles, telles que le cinéma, disposent d’une dérogation pour l’emploi de mineurs de moins de 16 ans. Et cela suppose des mesures de protection spécifiques, à la fois relatives au temps de travail et à l’intimité des plus jeunes. « On évalue le dossier de l’enfant en étudiant une cartographie des risques », précise Catherine Agbokou, responsable du pôle enfant de Thalie Santé.

Ce service de prévention et de santé au travail prend en charge la visite médicale et donne des conseils auprès des productions. La médecin prend l’exemple d’une séquence à la mer dans laquelle la température de l’eau autant que l’exposition du corps quasi nu de l’enfant à une équipe de tournage doivent être sécurisées.

La présence d’un encadrant

Aujourd’hui, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles sur les mineurs demeure primordiale dans le septième art. Au dernier Festival de Cannes, Rachida Dati, ministre de la Culture, avait évoqué la présence obligatoire d’un responsable enfant sur les plateaux de tournage. Marine Longuet préfère le terme d’encadrant, car la responsabilité incombe à tous les professionnels du film.

Ce poste d’accompagnement consiste, entre autres, à informer les parents du cadre de travail. « J’explique par exemple qu’on va devoir toucher le corps de l’enfant pour lui mettre un micro », raconte celle qui s’est formée sur le harcèlement. Comme règle absolue, elle fait en sorte que « les enfants ne se retrouvent pas seuls avec un membre de l’équipe de tournage » et demande à la production d’envoyer un mail sur leur présence.

Il reste cependant beaucoup à faire. La militante propose l’instauration obligatoire d’un rendez-vous chez le psychologue en amont et après la fabrication d’un film, avec le même professionnel de santé. Elle souhaite aussi intervenir dès le processus de casting, pour établir une relation de confiance avec l’enfant. Elle se demande surtout « ce qui est inhérent au cinéma ou ce qui relève d’un fait de société ». Ou, toujours selon ses termes, « changeons la société, le cinéma ira mieux ». Pour le moment, aucun dispositif ne permet de suivre le mineur après le tournage.

Or, c’est bien loin des caméras du studio, dans l’appartement parisien du réalisateur Christophe Ruggia, qui fait aujourd’hui l‘objet d‘une plainte, que l’actrice Adèle Haenel affirme avoir été agressée sexuellement, entre ses 12 et 14 ans.

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