« Sa prise de parole a ouvert la voie » : au procès de Christophe Ruggia, les militantes sont venues soutenir Adèle Haenel
« Peu importe le résultat de la justice, nous serons là pour elle », clame Camille, 25 ans, étudiante en littérature et étude de genre, tout en brandissant une pancarte signée « Adèle, tu n’es pas seule ! ». En ce lundi 9 décembre, l’ambiance est calme sur le parvis du Tribunal de Paris. Un air glacial balaye la place. Munis de pancartes, quelques femmes sont venues exprimer leur soutien à Adèle Haenel, au premier jour du procès qui l’oppose au réalisateur Christophe Ruggia.
Ce dernier est accusé par la comédienne de l’avoir agressée sexuellement quand elle avait entre 12 et 14 ans. Bientôt, les militantes sont quelques dizaines. Pour beaucoup, son témoignage a ouvert une brèche dans le mouvement #MeToo. « Pour nous, sa prise de parole a ouvert la voie. Adèle Haenel n’a pas seulement parlé pour elle mais pour toutes les victimes qui ne sont pas crues et entendues », estime Camille.
« Son témoignage a ouvert une brèche énorme »
D’autres slogans lui répondent. Comme celui de Cécile Delarue – « On lève son verre et on se casse » – collé sur un pin’s, qu’elle arbore sur sa veste. Cette journaliste et documentariste fait partie des plaignantes dans l’affaire PDDA. « Cela me semblait primordial de venir aujourd’hui. Ce qu’a fait Adèle Haenel est extrêmement courageux. Pour moi, mais également pour de nombreuses victimes, son témoignage a été un moment très marquant. Il a ouvert une brèche énorme. Nous avons pu entendre la parole d’une victime qui a montré que les VSS étaient systémiques ! »
« La coupable, ce n’est pas moi, ni mes fringues ni l’endroit ! », scandent des militantes. En dépit de la ferveur enthousiaste des manifestantes, Cécile Delarue regrette l’absence de soutien du cinéma français : « Je suis déçue qu’il n’y ait personne qui soit venu la soutenir. Ce manque de soutien de la profession est assez manifeste. Nous l’avions vu aussi dans l’affaire Depardieu. »
Au manque de considération du septième art répond le musellement imposé à l’actrice, analyse la députée de Paris Sarah Legrain (LFI-NUPES). « Quand Adèle Haenel a témoigné, on l’a accusé de politiser son combat alors qu’elle a simplement désigné des solutions. Celles-ci doivent être dans la dénonciation du système et dans une perspective politique et judiciaire, pas seulement dans le témoignage qui va émouvoir les gens. »
Une file d’attente s’est formée à l’entrée du tribunal. Des dizaines de personnes espèrent pouvoir assister à l’audience. « Le fait que le procès se déroule en même temps que celui de Gisèle Pelicot est hyper important. La multiplication des mobilisations comme la nôtre oblige la justice à prendre au sérieux les accusations. Elle ne peut plus faire comme si cela n’avait aucune importance », estime Camille en balayant du regard ses consœurs. « Pour autant, cela ne devrait pas être aux victimes de prouver qu’elles sont ne sont pas des menteuses ! La société française doit regarder en face la culture du viol et de l’inceste ! »
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