Comme si l’horloge de la démocratie américaine s’était cassée le 6 janvier 2021, la campagne présidentielle s’engage trois ans plus tard sur le même débat, aggravé par le temps, les rancœurs et les actions en justice. À une semaine des premiers caucus de l’Iowa, les deux mêmes protagonistes, auxquels les ans n’ont pas rendu service, s’accusent mutuellement de constituer une menace pour la démocratie.
Joe Biden désigne Donald Trump comme l’ennemi mortel de l’ordre constitutionnel, tandis que Trump colle à Biden sa propre étiquette d’«insurgé» pour lui avoir supposément volé l’élection de 2020. Réfugié dans le conspirationnisme, «réalité alternative» où le candidat frappé de 91 chefs d’inculpation porte l’auréole de l’innocence, Trump appelle à libérer les centaines d’«otages du 6 janvier» condamnés pour l’assaut du Capitole, martyrs comme lui d’un complot du FBI et de la gauche (alliance plutôt contre-nature). Inlassablement martelée, sa rhétorique reste efficace: sept républicains sur dix…