Allemagne : en pleine crise, le chancelier Olaf Scholz perd la confiance du parlement et ouvre la voie à des législatives anticipées
La question était devenue purement formelle depuis l’éclatement, début novembre, de la coalition tripartite (SPD/Verts/libéraux) qu’il dirigeait, le chancelier Olaf Scholz s’est vu refuser, ce lundi 16 décembre, la confiance du Parlement allemand.
La suite est déjà actée : le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, doit dissoudre le Bundestag à la fin du mois pour provoquer une élection anticipée, soixante jours plus tard, le 23 février. Toutes les questions catapultées ainsi dans la campagne électorale relèvent l’ampleur de la crise multiforme subie par le « modèle allemand ».
Casser les salaires pour « retrouver la compétitivité perdue »
L’ébranlement du système industriel est devenu le sujet de préoccupation numéro un. Les annonces tonitruantes de Volkswagen réclamant la fermeture de trois usines et une baisse de 10 % des rémunérations de ses salariés en illustrent la gravité.
Quasiment au même moment, ces 16 et 17 décembre, direction du groupe et syndicat se rencontrent pour tenter de trouver un compromis de la dernière chance avant un mouvement de grève d’une ampleur inédite en janvier, selon IG Mettal. Scholz et le SPD ont lancé la campagne sur ce thème en exigeant « une solution qui évite les suppressions de sites et d’emplois ».
Mais rien n’est assuré tant est miné le « modèle » allemand du partenariat social ; quand moins d’un salarié sur deux est désormais couvert par un accord tarifaire (l’équivalent de nos conventions collectives). Une partie du patronat et des experts plaident pour de nouvelles dérégulations afin de « retrouver la compétitivité perdue ».
Le chrétien-démocrate Friedrich Merz en position de favori
Et ils peuvent faire valoir l’existence sur le territoire allemand lui-même d’un système « anglo-saxonnisé » au plus haut point avec la Gigafactory d’Elon Musk à Berlin. Celle-ci ne produit-elle pas les modèles Y de Tesla destinés au marché européen avec des « frais » de personnel 25 % moins élevés que ceux de Volkswagen dans une usine sans convention collective, sans application des 35 heures et où le syndicat IG Metall reste interdit de séjour ?
L’échec de la politique dite de transition énergétique du gouvernement sortant soulève aussi l’inquiétude des plus démunis et des entreprises qui ont vu exploser leurs factures. Ces jours-ci, en raison des conditions météo, un calme plat associé à des brouillards persistants, les productions éoliennes et photovoltaïques sont à l’arrêt.
Résultat : conséquence de l’abandon du nucléaire « pilotable », les prix du kilowattheure laissé aux mains du marché, affichent record sur record, égalant ou dépassant les niveaux atteints au lendemain du déclenchement de la guerre en Ukraine.
Dans un registre voisin, le budget militaire exceptionnel de 100 milliards d’euros et l’annonce, cet été, au sommet de l’Otan, du déploiement de missiles états-uniens sur le territoire allemand, relancent les inquiétudes et le débat sur la paix et ses conditions.
Friedrich Merz, le candidat chrétien-démocrate à la chancellerie, fait figure de favori du scrutin. À plus de 30 % dans les sondages, il pourrait passer un accord de grande coalition avec le SPD (16 % d’intentions de vote) ou les Verts (12 %), plus convergents, dit-il, avec son parti, sur les dossiers de la guerre en Ukraine, comme de la crise industrielle.
Die Linke, donnée en léger progrès, reste toutefois sous la barre des 5 % comme les libéraux du FDP. Les populo-souverainistes réunis derrière Sahra Wagenknecht, piétinent, eux, autour de 6 %.
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